Rebecca par Agathe Schlencker
Drame intimiste, ce célèbre roman soulève néanmoins une question universelle et intemporelle : comment succéder à l’Autre, cette femme qui nous a précédé dans la vie de l’être aimé ? Tâche difficile, surtout lorsque la femme en question est considérée par tous comme un modèle de beauté, d’élégance et de générosité. Dans ce récit inquiétant, la véritable histoire d’amour n’est peut-être pas celle qui lie la protagoniste à Maxim de Winter, mais bien plutôt l’obsession morbide, motivée par la jalousie, qui pousse la jeune héroïne vers cette Rebecca absente, inconnue, et, de fait, fantasmée.
Daphné du Maurier distille avec talent, au fil du récit, un malaise croissant qui happe le lecteur, et le conduit de surprise en surprise, à mesure que tombent les masques, et que s’inversent les rôles. La nature omniprésente, sauvage, l’océan colérique et dangereux, le climat humide, brumeux, contribuent à renforcer le sentiment d’oppression et d’angoisse qui caractérise ce récit. A la fois roman gothique, thriller et roman d’amour, cette œuvre magistrale, superbement écrite, est de celles qui ont marqué la littérature.
L'un de mes livres favoris, que je ne me lasse pas de relire.