"Je m'en branle comme de l'an quarante de la tristesse du monde"

Voilà une bien jolie découverte. Pourquoi rechercher tant bien que mal de "grands livres" de la littérature pour parfois être déçu quand on tombe sur de petites œuvres très sympathiques comme celles-ci à 2€ d'occasion au fond d'un magasin ?!
En tant qu'apprenti lecteur, c'est même l'un de mes bouquins favoris. D'ailleurs, sachant que Samuel Benchetrit est également réalisateur, j'aurais vraiment bien aimé qu'il réalise une adaptation, même en court-métrage. Car en effet, l'histoire et ses personnages ont un potentiel comique relativement intéressant.


En réalité, si j'ai beaucoup aimé ce livre, c'est parce qu'il réunit trois points que j'affectionne particulièrement : des vérités, de la sincérité, et de l'humour noir/piquant.
Certes, le style d'écriture est très simple et moderne, mais c'est aussi ça qui rend cette œuvre un peu plus sincère. C'est même parfois un peu vulgaire et graveleux, mais ça ne part jamais dans l'excès et c'est surtout efficace. Et ce style d'écriture résulte aussi d'un choix logique : c'est un ado qui parle. Cette œuvre est si sincère et donne tellement de vérités qu'on pourrait, si on excepte les quelques points un poil irréaliste de l'histoire, presque croire que c'est une œuvre autobiographique. Et en même temps, on peut facilement s'identifier au héros.
En effet, l'histoire parle d'un jeune adulte qui attire les plaigneurs. Comme le personnage le dit lui-même dès la première page : "Il paraît qu'on attire tous un certain gratin de la société. Y en a c'est les belles femmes. D'autres l'argent. Eh bien moi c'est les dingues. Les hallucinés. Et tous ceux qui ont besoin de se plaindre". Ainsi, la base de l'histoire est rapidement et clairement posée. Et on peut donc facilement se retrouver dans ce personnage car on a tous déjà eu cette impression d'attirer tous les casse-couilles qui se plaignent chaque seconde de leur vie de merde. Sans doute parce qu'on est tous un peu comme ça.
Le héros nous parle comme si il était face à nous, en tête en tête. Et ainsi, ce que je trouve génial, c'est qu'en nous racontant sa vie tout au long du livre, il est comme les personnes qu'ils décrit : il se confie et se plaint à nous. Le héros devient lui-même ce qu'il critique. Sans doute une preuve de la subtilité de Benchetrit qui nous dit à sa façon qu'à un moment donné dans notre vie, on a tous besoin de se confier et se plaindre. Avec beaucoup de sincérité et d'humour un peu noir, il nous balance quelques vannes, et pas mal de vérités un peu piquantes. L'un de mes passages favoris est quand il parle d'une grand-mère de son immeuble :
"La vieille peau du premier en avait marre de confisquer les ballons des gosses qui jouaient dans la cour. Elle disait qu'on pouvait casser des vitres, la dame qui a pas hésité à balancer tout ce qu'il y avait de juif dans l'immeuble voilà quelques années. Et de casser des vitres, c'était plus grave que d'envoyer au feu une race se faire exterminer".
C'est un peu trash et brut de décoffrage, mais c'est très sincère, très vrai, et bien dit. D'autant plus qu'on connaît tous une vieille aigrie comme cette dame.


Ce livre est donc selon moi une pure réussite, il se lit très facilement et rapidement, et atteint son but. Seul bémol selon moi, c'est que sur les deux dernières parties, ça devient un tout petit peu redondant et un peu lassant (ce qui ne m'a pas empêché d'être plongé dedans jusqu'au bout), et qu'au final je ne suis pas sûr d'avoir totalement compris ce que voulait nous dire l'auteur. Je n'ai pas tellement aimé la façon dont se terminait le livre. Pourquoi finir comme ça ? C'est un peu rapide et je ne comprends pas bien le fond. Mais sur le reste, rien à redire, c'est vraiment top.

papagubida
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le 18 juil. 2016

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