La saga de Leïla Slimani poursuit son petit bonhomme de chemin avec des personnages bien typés qui sont la loi du genre mais son intérêt réside surtout dans l'évocation du Maroc qui a conquis l'indépendance.
Bien que son père ait fait partie des dignitaires du régime, la romancière n'épargne guère le roi Hassan II en nous livrant quelques aspects peu reluisants du personnage. Après un attentat fomenté contre lui, c'est ainsi qu'il a fait livrer en quantité des postes de télévision dans les cafés afin que ses sujets puissent assister à l'exécution de ses opposants, un exemple parmi d'autres de l'ordre imposé par la terreur.
Leïla Slimani stigmatise aussi la difficulté qu'ont les hommes à se défaire d'une culture peu favorable à l'épanouissement des femmes. Une image particulièrement marquante, c'est celle où Amine, devenu propriétaire d'un vaste domaine, va chercher sa fille étudiante à l'aéroport ; celle-ci, vêtue "à l'européenne" répond au sourire qu'il lui adresse de loin avant de réaliser qu'il ne l'avait pas reconnue mais qu'il avait cru avoir séduit une jeune inconnue. Et, une fois revenu de sa méprise, de reprocher à sa fille son "accoutrement" !
Une bien agréable lecture même si cette fresque manque parfois de relief.