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Il suffit de deux chapitres pour que toute la force de l’écriture de Julia Chapman – et de son traducteur Dominique Haas, ne l’oublions pas – transparaisse. L’entrée dans Rendez-vous avec le crime est d’une efficacité remarquable. Les descriptions fournies sans être trop naturalistes nous embarquent dans des paysages très marqués, ce qui permet déjà d’offrir au récit une certaine couleur, une certaine atmosphère, une certaine caractéristique qui lui est propre. Et qui est propre aussi à ses personnages, eux aussi rapidement remarquables. En une phrase, un geste, une parole, les caractères se dessinent – tout en laissant place à une part de mystère ou de non-dit qui sera comblée (ou pas) par la suite. En bref, une petite ville perdue au cœur des vallons anglais, où tout le monde se connaît : la scène est prête pour accueillir son intrigue.
L’intrigue est également vite mise en place pour le lecteur complice, ce bien sûr dès le titre qui ne cache pas ses sujets. Le premier chapitre, qui fait office de prologue, met toutes les ficelles en place pour la suite – le brouillard et la nuit renforçant le mystère à venir. Et tout au long de ce mystère, des indices sont parsemés ci et là par un narrateur omniscient, qui joue sur la frustration de son lecteur, qui sait de plus en plus de choses en amont des personnages. Le degré de danger et de mystère est dosé de manière particulièrement adroite, avec des paragraphes qui s’enchaînent de plus en plus vite lorsque l’étau se resserre, des points de vue qui se succèdent d’une manière presque cinématographies, comme si l’on passait d’un plan à l’autre, d’une scène à l’autre. Ces ressorts nourrissent l’écriture, tient en haleine le lecteur et renforcent les réactions et interactions des personnages.
Pour revenir d’ailleurs sur ces personnages, c’est à travers eux que se tissent une intrigue qui dépasse celle de l’enquête. Les différentes thématiques abordées racontent d’abord plusieurs histoires humaines, des relations qui se renouent, se dénouent, se complexifient, le tout parsemé d’humour, car il s’agit aussi de moments de vie. On retrouve des sujets secondaires et pourtant majeurs comme la famille, le retour de l’enfant prodigue – alliant également les notions de pardon et de rejet face à ce qui nous est étranger – les relations amoureuses (le titre ne s’en cache pas), et la lutte qu’entretiennent certains personnages avec leur passé. Et lorsque l’on referme ce premier tome, tout n’est pas résolu, et il nous tarde déjà d’ouvrir le suivant.