Véritable essai politique, ce livre aborde les notions d’autonomie alimentaire avec un angle sociologique et politique en parcourant les processus financiers et industriels qui nous ont amené à l’impasse actuelle, en les décortiquant et en nous conduisant à tirer des conclusions peu reluisantes.
Reprendre la terre aux machines, c’est reprendre la terre à ces machines agricoles, toujours plus grosses, chères, connectées et qui poussent à éliminer l’être humain du processus en automatisant toujours plus les processus via des algorithmes. L’utilisation de ces machines induit une perte de savoir-faire, un arrêt de contact à la nature et brise l’autonomie des paysans par une dépendance toujours plus grande aux industriels proposants ces biens.
Le bouquin explique avec brio tous les verrous mis en place qui empêche de sortir de ce modèle :
- la dépense d’argent toujours plus basse pour se nourrir au profil d’un consumérisme toujours plus grandissant
- les agriculteurs surendettés ne survivant qu’au secours d’aides
- la bureaucratie noyant ces agriculteurs sous des tonnes de paperasses
- la mise en place des traités de libre-échange européens impliquant une difficulté à mettre en place des politiques locales ou nationales face à la concurrence tarifaire
- la machine syndicale en place portant très peu de critique sur le modèle et validant chaque échelon de décision de l’industrie
- l’industrie maitrisant la chaîne de A à Z et bloquant les changements quel que soit le maillon
- la difficulté de sortie du modèle technologique une fois le pied dans l’engrenage
La conséquence à cette liste de verrous est d’avoir de moins en moins d’agriculteurs, ayant chacun un endettement de plus en plus important, une servitude aux machines grandissantes et utilisant finalement de plus en plus de pesticides.
Le collectif propose de nombreuses solutions pour arrêter cette machine infernale :
- développer toujours plus d’alternatives
- mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation
- travailler les rapports de force avec les politiques
- travailler à l’éducation populaire et fuir la condamnation de ses pairs en les aidants plutôt qu’en les stigmatisant
- mettre en place des prix minimums d’entrée sur le territoire et ainsi retravailler le rapport importateur/exportateur
- s’opposer à toute robotisation et tendre petit à petit à une désescalade technologique
- relocaliser massivement l’accès à la terre
Un livre qui donne envie de se battre et de mettre à bas un système inégalitaire qui fonce une fois de plus dans le mur pour le profil de gros industriels.