Une fois n'est pas coutume, un roman me laisse une impression floue : ce roman semble avoir quelque chose de bancal, d'inabouti, d'incohérent, un mélange de genres raté, qui au final ne donne aucun genre précis.
Le titre, la photo de couverture et le 4ème de couverture laissent deviner un sujet et un contexte clairs : les excès et absurdités du monde du travail, dans le domaine du conseil en stratégie, vécus par une trentenaire d'origine bourgeoise et a priori ambitieuse. Les premières pages et l'installation du décor le confirment, mais ensuite le déroulé de l'histoire s'en écarte sans jamais suivre une ligne bien définie.
Une sorte de suspense artificiel est maintenu jusqu'à la toute dernière page, on pense 'on va savoir pourquoi ce flou, cette incomplétude dans l'histoire' ; mais au final pas de chute, pas de 'mot de la fin'. Très perturbant, et donc à se demander : "Où nous emmène l'auteure, pourquoi ces multiples passages ? Pourquoi ces contextes à peine esquissés, ces personnages secondaires présentés sur plusieurs pages, puis aussitôt mis de côté ?"
Plus concrètement, trois points soulignent en particulier cet aspect bancal, incohérent :
1) Jusqu'à la page 150 (environ), jamais le prénom du personnage n'est indiqué. Tous les autres personnages sont bien nommés, et même répétés, donc on devine un parti pris de l'auteure, comme dans nombreux autres romans. Sauf qu'à partir de la page 150 (et jusqu'à la fin), soudainement et sans explication, on lit des "Marianne" plusieurs fois par page ! Très perturbant.
2) Des ficelles extrêmement grossières font avancer l'intrigue (en toile de fond) :
dans un box de toilettes dégueulasses, au milieu de la nuit, dans une boîte underground à Berlin, Marianne réussit à faire chanter un patron de start-ups millionnaire ; vraiment ? Lors du dîner avec sa 'collatrice', ils vont comme par hasard dans le restaurant où travaille son voisin Giulio à qui elle a complètement menti ; vraiment ?
3) Les dialogues et réactions / comportements sonnent faux à tout bout de champ : des bribes de phrases avec son mari, avec sa meilleure amie, avec son manager. Ce sont des 'têtes' sortis de grandes écoles, et ils ne sont pas capables de montrer, d'expliquer plus ?
Le seul point positif est le style : clair, pas spécialement pauvre en vocabulaire, phrases et dialogues courts, donc facile et rapide à lire.
En somme, si (comme moi) vous pensez lire un roman sur le dur monde du conseil en stratégie, passez votre chemin. Alors, réciproquement, pourquoi lire ce roman ? Je ne sais pas.