La déportation des Juifs sous l'Allemagne nazie est aussi incontestable qu'abjecte. Le lecteur ne peut qu'accuser réception des récits et témoignages de l'époque et personnellement, je les prends toujours en pleine tête.
Chaque témoignage est unique et celui de Madame Kolinka est simple, direct et pudique. En tout cas dépouillé de tout artifice et surtout de précisions ou détails qui auraient ajouté pathos et sordide à ce qui l'est déjà. Elle ne s'apesantit pas. De son court récit ressort étonnamment une forme de légèreté. Evidemment pas sur les faits impardonnables eux-mêmes mais sur sa façon d'aborder son récit.
Cette légèreté, on a le sentiment que Ginette Kolinka l'a érigée en règle de conduite pour pouvoir avancer, comme une philosophie de vie qu'elle a décidé de cultiver face au malheur. Non pas par manque d'intelligence, comme elle le prétend, mais par choix délibéré du bonheur. Sa manière à elle de terrasser la haine en attendant de s'être sentie à même de témoigner sans relâche pour faire en sorte que les générations futures n'oublient pas l'horreur de la Shoah.