Le traître prend la parole
Grand Prix de l'Académie française 2011 : quel bon choix !
Dans "Mon traître", on découvrait Tyrone Meehan, un leader de l'IRA devenu agent pour le compte des britanniques, à travers les yeux d'Antoine, un jeune parisien amoureux de l'Irlande et solidaire du combat de ce pays. On découvrait la trahison, l'infâme trahison de Meehan, un coup de poignard insoutenable porté à une nation toute entière.
Dans "Retour à Killybegs", on découvre le vrai visage de Meehan et de sa trahison, et c'est lui-même qui nous le raconte. On découvre que la trahison cache un secret bien plus dévastateur pour Meehan que ne l'est sa collaboration avec l'ennemi. Qu'au fond, on ne lui a pas vraiment laissé le choix, que ses intentions se sont limitées à vouloir sauver des vies, qu'il a, dans son coeur, toujours été fidèle à son pays.
De son enfance à sa mort, c'est un homme que tout un pays a haï (que nous-mêmes avons haï en lisant "Mon traître") qui se livre à nous, qui nous donne sa vérité, qui nous donne à comprendre.
On a eu mal pour Antoine et pour tous les irlandais dans "Mon traître", dans "Retour à Killybegs" on a mal aussi pour Meehan.
Et on ne peut que saluer le talent de S. Chalandon, qui accomplit un travail remarquable en se glissant dans la peau de son propre traître pour lui donner la parole; c'est une prouesse que de faire parler celui qui vous a trahi sans qu'il n'en ressorte sali.
L'auteur en parle (mieux) : http://www.grasset.fr/automne_romanesque_2011/chalandon.html
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