Quinze récits, dont plusieurs de science-fiction
Un recueil de 15 nouvelles sélectionnées par Serge Lehman et par lui préfacé.
Préface Serge LEHMAN
Je dois donc l'avouer, j'ai été assez déçu par le texte de SL. J'en attendais sans doute trop. La dernière préface d'une anthologie de nouvelles de SF française qui m'ait emballé est celle de Philippe Curval pour l'anthologie Superfuturs. Et je n'y peux rien, elle vient en point de comparaison chaque fois que le lis une préface. J'attendais de ce Retour sur l'horizon , une certaine vision de la SF française post an 2000. Je ne l'ai pas trouvée. Maintenant, la thèse de SL qui donne lieu à débat (pour ou contre la métaphysique ? GA cosmologiques ou cosmogoniques ? etc.) ne m'a pas parue inintéressante ; mais pas tant pour sa lecture que pour le débat qu'elle génère.
Ce qui reste du réel/Effondrement partiel d'un univers en deux jours Fabrice COLIN/Emmanuel WERNER
Je l'ai lu comme un private joke, presque une blague de potache. Que FC convoque son avatar pour évoquer Dick, pourquoi pas. Qu'il lui rende ainsi hommage, c'est bien. Mais m'obliger à réécouter la conférence de 1977 pour me remettre dans l'ambiance, c'est un poil dur. Surtout que ce n'est pas ma période préférée de Dick. Ce texte m'est paru comme une fan-fan-fiction. A réserver aux initiés de Leur Club.
Tertiaire Éric HOLSTEIN
Les aventures d'Emerson Mighty/Abel Marguerite/Abel 8328/Abel MS Office Vision © m'ont forcément fait penser à celles de ce que serait un mix de Jérôme Kerviel/Mitch Courtenay. Le principe de la marchandisation/réification ne m'a pas plus surpris que ça (sentiment de déjà lu) mais le rythme et l'écriture m'ont bien plu. Tout au plus les titres de chapitres/scènes m'ont-ils semblé exacerbés (« Est-ce que sucer c'est tromper ? » par exemple),
Une fatwa de mousse de tramway Catherine DUFOUR
CD a un incroyable talent pour dénicher des titres qui déchirent son guillemot. J'ai trouvé dommage que le texte ne soit pas à la hauteur du titre. Pas l'écriture, le contenant, j'aime toujours autant. Mais le contenu. Est-ce parce que je connais l'histoire de Phénix (tout juste cachée derrière un Herp qui fleure bon son EPR) ou parce que l'inflation du présent a rattrapé le futur (Phénix a arrêté sa vie de centrale de production le 12 septembre alors que l'anthologie a été imprimé 5 jours plus tard) ? En tous cas, je suis resté sur ma faim. Le réel est-il soluble dans la SF ?
Les Fleurs de Troie Jean-Claude DUNYACH
Quelle belle nouvelle, même si j'ai trouvé le dernier tiers (retour sur terre et poursuite) un peu en retrait. La chute, désespérée est, par contre, idéalement placée.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à « Cristal qui songe » pendant toute ma lecture. Une boucle temporelle de la SF ?
Pirate Maheva STEPHAN-BUGNI
L'incursion d'un graphiste/dessinateur chez Kafka. Ça ne m'a pas plus interpellé que ça. Sans doute parce que je ne crois pas que ce soit de la SF.
Trois singes Laurent KLOETZER
Encore ce sentiment de déjà lu : l'arme virale et ses conséquences incontrôlées. Et en plus je n'ai pas réussi à accrocher, à croire à ce virus iconique dont le mode de propagation relève, à mes yeux, de la magie. Le texte vaut surtout par sa mise en forme et sa dernière phrase.
Lumière noire Thomas DAY
Il m'énerve TD !
Il trouve le moyen de me donner l'impression d'avoir réécrit Neuromancien en dehors de la matrice (« zone noire » <-> « zone libre » ; « lumière noire » <-> « lumièrrante » ;« jenny/jasper/franck » <-> « case/molly/armitage » ; la fin qui débouche sur la recherche par l'IA de l'altérité ou de son statut de divinité , en dehors du trop étroit système fréquenté par l'humanité ...) sous la forme d'un pseudo road-movie soit disant post-apo où il convoque les pires des clichés (le passage à l'âge d'homme de l'indien par le meurtre rituel ; les blancs qui violent les squaws ; la mort du chien fidèle lâchement abattu ; le camion de Mad Max ; le visage de mercure ; la radio libre ; octopodes et décapodes éboueurs de Rama ; "tout rassemblement de plus de 3 personnes..." ; etc.) et moi, comme un con, je marche, j'aime et j'en redemande.
Je suis juste déçu de n'avoir dénombré que deux bites, trois chattes et un seul trou du cul.
Temps mort André RUELLAN
Je me suis demandé ce que ce texte faisait là. On n'est plus dans la métaphysique, on est dans l'éthique. A réserver au corps médical.
D'ailleurs, SL le dit : ça relève de la défunte collection « Angoisse »
Les Trois livres qu'Absalon Nathan n'écrira jamais Léo HENRY
L'auteur dans l'auteur dans l'auteur... Jeu de miroir, mise en abyme, récit fractal. Poupées russes littéraires.
L'emballage SF ne m'a pas semblé très solide (l'utopie, dystopie ou topie quelconque est-elle crédible ?) mais a largement suffit à me transporter de l'autre coté du miroir.
Le meilleur texte de l'anthologie.
Penchés sur le berceau des géants DAYLON
L'idée est belle mais est tellement filée, effilée, qu'il n'en reste pas grand chose.
Sinon le rêve ?
J'avoue m'être ennuyé en pensant parfois que D se regardait écrire. Mais j'avoue que je ne goûte pas la SF poétique.
Dragonmarx Philippe CURVAL
Est-ce une españolade ? J'ai passé mon temps à chercher les références des références des références des.... Ça fatigue...
PC (ha ha ha...) mélange dans une sorte de brouet le panthéon nordique à la sauce wagnérienne et le Panthéon communiste , l'Or du Rhin (pardon du Danube) et la crise financière, le marteau de Thor et la faucille de Jeanneton, place tout ça à Vienne, ville qui a vu la formation juvénile d'Hitler et la mise au point de la psychanalyse avec son émergence du complexe, l'enserrement dans le Ring et la confrontation/rencontre des services secrets pendant la guerre froide, puis sert cette soupe espagnole dans une auberge qui ne l'est pas moins.
J'en sors avec le sentiment de n'avoir rien compris, ou tout compris, ou... toute autre option intermédiaire. J'en ai parlé à mon psy qui m'a répondu Oh ! Le beau cas (j'ai le même psy qu'un certain Talon)
Terre de fraye Jérôme NOIREZ
Si, lors d'un prochaine séance de dédicace de JN, vous voyez dans la file d'attente un gugusse attifé en CocoGirl qui chante à tue-tête à l'aide d'un gigaphone Ce mec est too much, ce mec est trop..., n'hésitez pas : venez me dire bonjour avant que les flics ne m'embarquent pour tapage diurne aggravé par le port d'une tenue ridicule et manifestation non préalablement autorisée par le Ministère des Belles et Bonnes Lettres.
J'ai eu tout le long de la lecture de cette histoire d'émergence du Bloop et de la post montée des eaux, des flashs cinématographiques. Sphère, Abyss et, surtout, 1941 avec un onnagata alcoolique dans le rôle du capitaine Wild Bill Kelso.
Il est vraiment dommage que la fin, un peu trop Robinson Crusoé, m'ait laissé un goût d'inachevé.
Je vous prends tous un par un David CALVO
Un sentiment d'avoir déjà lu cette histoire parapsychiatrique plusieurs fois.
Je me suis vraiment demandé (comme SL semble-t-il ?) ce qu'elle avait à faire dans l'antho.
Hilbert Hôtel Xavier MAUMEJEAN
Là aussi, un sentiment de "déjà lu" ou de "déjà vu". Un Brazil sans onirisme ?
Bien sur l'approche mathématique des différents types d'infinis et de leur manipulation via une base de Hilbert dans un espace du même nom m'est venue à l'esprit.
Mais est-ce (suis-je ?) bien raisonnable ?
Et le double H aux barres entrelacés a-t-il réellement une portée symbolique ?
Je sors donc de la lecture de ce texte avec plus de questions que de réponses.
Et si, finalement, c'était ça la SF ? Laisser le lecteur face à ses interrogations ? Mais est-ce volontaire de la part de l'auteur ?
Au final, une anthologie agréable à lire.
Y a-t-il 15 grands récits de Science Fiction ?
Plusieurs, oui, dont Les Trois Livres qu’Absalon Nathan n’écrira jamais qui, pour moi, sort nettement du lot.