"Rien ne nous survivra" (sous titré "Le pire est à venir") dégage une étrange force dérangeante, surtout quand on est une lectrice ayant dépassé significativement les 25 printemps...
En effet, Maïa Mazaurette situe ce roman dans un Paris pas si lointain, devenu un nouveau Sarajevo, parce que la plupart des jeunes ont décidé d'abattre ceux ayant franchi le cap fatidique du quart de siècle.
La ville lumière en ruine devient ainsi le théâtre de la montée maladroite d'un mai 68 puissance mille. Les clans de jeunes s'efforcent de se constituer en armées pour empêcher les "vieux" de reprendre la moitié sud de la capitale. Templiers, Amazones, ex-prostitués, Théoriciens, groupe des moins de 13 ans... s'allient ou s'entredéchirent à la recherche du pouvoir ou d'une victoire bien compromise, car l'Union Européenne a soumis les jeunes à un ultimatum devant prendre fin dans 109 jours. Le compte à rebours s'égrène en autant de courts chapitres qui voient cette révolution jeune de déliter, en même temps que s'affrontent deux snipers dans une rivalité vengeresse, de type haine-amour-jalousie.
On peut se prendre à regretter, au détour de certaines pages, que cette approche grinçante et "immorale" n'ai pas plus joué sur les ressorts des lutte idéologiques, mais cela donne probablement au roman un légèreté dans la contestation anti-vieux, qui s'humanise paradoxalement d'être menée par des jeunes n'ayant plus d'état d'âme à appuyer sur le gâchette contre ceux qu'ils estiment responsables de leurs maux.