Incontournable Avril 2024



Il est maintenant l'heure pour moi de faire un élagage de ma tablette d'incontournables non-terminés, pratiquement tous des romans. Je ne peux pas continuellement les accumuler, alors je vais devoir abréger. J'ai la moitié de ce roman terminé et lu la fin. Il a la même fibre que son grand frère "April et le dernier ours", qui amalgame à la fois un enjeu lié à un parent indisponible et un animal en péril.



Rio n'a pas la moindre envie de retrouver sa grand-mère en Californie, loin de l'Angleterre et de sa mère malade. Convaincu d'être assez grand pour veiller sur sa mère, il ne voit pas l'intérêt d'aller si loin durant les vacances d'été, mais sa mère doit intégrer un centre spécialisé et il ne peut y être admis aussi. de mauvaise grâce, Rio rejoint donc un univers de plage et de chaleur, dans cette petite maison au bord de la mer de Fran, sa grand-mère. Il ne le sait pas encore, mais dans une boite de la chambre d'enfant de sa mère, Rio va y découvrir l'une des seule chose au monde qui semblait animer sa maman d'une joie réelle et d'une passion englobante: Les baleines à bosse. Elle a tout annoté dans un petit cahier et c'est sur cette improbable découverte que se lance le garçon. Peut-être qu'en découvrant un peu sur ces formidables créatures marines, Rio pourra calmer la tempête qui sévit dans son coeur, entre son sentiment de culpabilité de ne pas être à la hauteur pour sa mère, mais aussi de ce besoin de plus en plus impérieux d'affirmer son identité.



Je retrouve dans ce second tome les thèmes chers à madame Gold et que nous partageons: les enjeux familiaux, la préservation naturelle, la psychologie et l'importance des liens. Il y a dans cette histoire ce qu'on appelle la parentification, soit le processus d'inversion du rôle parent-enfant. La question n'est pas de définir que c'est mal ou bien, la question est de parler des enjeux que cela cré chez les jeunes. Rio assume des responsabilités qu'il ne devrait pas assumer, non pas qu'il ne soit pas assez intelligent ou volontaire pour le faire, mais ce n'est pas son rôle et ce n'est pas sain dans un développement normal. Si cela dénote une grande empathie, cela illustre aussi que Rio n'a personne sur qui se reposer. L'arrivé de sa grand-maman va changer la donne de ce côté. Il y a aussi l'enjeu lié à la profonde culpabilité de Rio, qui se sent impuissant et coupable de ne pas pouvoir rester avec sa mère et d'en prendre soin, sans penser que cela n'est encore une fois pas son rôle. On comprend d'ailleurs à quel point Rio s'est senti seul quand sa colère éclate contre sa grand mère, qu'il accuse de ne pas avoir été là. La santé mentale n'est pas la dimension médicale la mieux connue et comme elle affecte la psychée, elle ne se guérit pas aussi aisément que la maladie physique. En ce sens, il y a a beaucoup de nuances à faire quand on s'attaque à un sujet comme celui-ci. Madame Gold aborde ce sujet avec doigté et en abordant les émotions sans chercher à les minimiser. Il y a une grande tendresse et douceur dans le traitement, dont je sied gré à l'autrice. Je pense que les jeunes lecteurs qui entreront dans cet univers vont en sortir un peu plus empathique et un peu plus sensibilisé à cette enjeu multidimensionnel.



Pour les amoureux de la nature, nous avons une fenêtre grande ouverte sur le monde des formidables cétacés majestueux que sont les baleines, grands mammifères des océans et dont une grande part des espèces sont menacées directement en raison des impacts des changements climatiques et des comportements de l'homme envers ces animaux. Il y a pleins d'informations dans le roman, du Centre d'interprétation à l'océan directement, avec cette touche un peu magiques des histoires où des enfants et des animaux sauvages connectent et se comprennent. Et dans cette histoire, il y a une baleine en particulier, Bec Blanc, la baleine préférée de la maman de Rio, qui aura connu les deux humains.



Je mentionne que dans sa quête identitaire, car oui, Rio se cherche, Marina est un beau filet social. Son amitié sincère et son esprit d'initiative, ainsi que son écoute active, font d'elle un personnage important. Elle est un autre bel exemple de l'importance des amitiés saines dans la vie des jeunes, des amitiés solides qui permettent autant de partager des expériences agréables que de ventiler les expériences qui sont pénibles et souffrantes. Bien sur, le papa capitaine de Marina et Fran sont aussi dans le cercle social bienveillant qui se forme peu à peu autour de Rio, ce jeune homme dont on sent la colère et l'impuissance dès le début de l'histoire. Sans oublier Bec Blanc bien sur, dont je réitère que les animaux ont un flaire sensible aux émotions qui surpasse souvent celui des humains, nonobstant le pouvoir de Rio de se faire comprendre de la baleine.



Petits divulgâches ici.



Je n'ai donc pas le loisir de terminer cette belle histoire, mais la partie que j'ai lue me plait beaucoup et je sais avec la fin que notre personnage principal va cheminer vers des émotions mieux gérées, un sentiment de culpabilité apaisé et un cercle social plus solide. le sauvetage de la baleine va réussir, la maman va terminer sa thérapie avant d'aller rejoindre son garçon en Californie, où ils vivront avec Fran. Rio semble adopter un rêve de devenir un défenseur de la mer, peut-être un biologiste marin, qui sait? Une chose est sure, ça fini aussi bien que dans le précédent livre de l'autrice et s'ouvre sur un avenir engagé. À travers son été, Rio a évolué et trouvé un moyen de gagner en confiance tout en apprenant à mieux cerner ses propres limites. Il n'y a d'ailleurs aucune honte à essayer de bien faire, et il a fini par accepter qu'il ne sauvera pas sa mère, il peut en revanche lui apporter beaucoup juste en l'aimant sans conditions. Et ça, c'était déjà le cas.



Un beau livre aux illustrations en noir et blanc d'une grand beauté parfois mélancolique. Un livre qui va ravir mes jeunes lecteurs et lectrices qui raffolent des animaux et des personnages sensibles.



Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+

Shaynning
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le 28 août 2024

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