Resté underground aux USA, le mouvement « Riot Grrrls » est passé totalement inaperçu en France. Moi qui m’intéressais à l’époque à la nouvelle scène grunge venue de Seattle, je n’avais qu'une faible connaissance de cette mouvance. J’y assimilais à tort des groupes comme Hole ou Babes in Toyland alors que ce ne sont pas vraiment des formations « Riot ». Au pays de Sardou et de Patrick Sébastien elles resterons donc d’illustres inconnues. Les nouveaux mouvements féministes auront eu pour effet bénéfique de faire redécouvrir ces jeunes musiciennes engagées, qui marchaient déjà sur les traces des Slits, des Au Pairs et autres X Ray Spex, leurs aînées de la scène punk anglaise des années 70. Emmené par Bratmobile et surtout Bikini Kill et sa charismatique chanteuse Kathleen Hanna, elles cultiveront une radicalité jusqu’au-boutiste, refusant toute comprissions avec les médias et le music business, ce qui leur vaudra l’admiration de Kurt Cobain, ami de longue date de Kathleen Hanna.
Le livre de Manon Labry revient sur la période qui va de 1991 à 1994, date de l’essoufflement du mouvement. Il se lit d’une traite avec un immense plaisir, le ton oscille entre érudition, engagement et digressions drolatiques. A voir en complément de cette lecture, le documentaire « The punk singer » (2013) qui revient sur le parcours atypique et passionnant de Kathleen Hanna.