Roche-nuée c'est avant tout un lieu clos puisque juché au sommet de ce qui semble être une montagne et qu'habite une communauté aux étranges coutumes. La caractéristique principale est que l'on se marie et on enfante dans la même famille. Ainsi on croise des frère-mari et des mère-femme. Avec ce que cela apporte de consanguinité, les enfants bossus ou atteints de malformations sont nombreux. Ces "indésirés" sont éliminés en les jetant dans la brume qui semble recouvrir toute la surface d'en dessous. Un seul de ces enfants n'a pas connu ce sort, Ombre. Son nom il le doit au fait qu'il ait été immédiatement adopté par son frère. Argile ne l'a jamais reconnu comme une personne, il ne lui parle pas, semble ne pas le voir et de ce fait lui sauve la vie. Ce duo qui ne forme qu'un seul tout au début, l'ombre et la lumière, sera le déclencheur d'une révolution plus grande qui bouleversera l'équilibre de la famille.
Court roman, "Roche-Nuée" prend malgré tout son temps pour exposer les us de la famille, prend trop son temps. La seconde partie qui n'est pas formellement délimitée mais qui correspond à l'ouverture de ce microcosme vers ailleurs est malheureusement condensée dans la dernière moitié qu’on aurait aimée plus vaste. Et sans déflorer l'histoire, elle est beaucoup plus agréable à lire et ouvre enfin le roman à son vrai thème, la peur de l'autre tout en insufflant plus d’actions et de vrais changements.
Dans un monde que l'on sent post-apocalyptique, on s'attend tout le roman à découvrir ce que recèle réellement le reste du monde, d'autant plus que le roman prend la forme d'une pseudo-biographie écrite de la main d'ombre des années après les faits. Il n’en est rien et l’intrigue se conclue en restant cantonnée à la famille d’Ombre. C'est dommageable d'autant plus que j’ai eu le sentiment que l'auteur souhaitait faire beaucoup plus avec cet univers. Un roman déséquilibré qui semble avoir renoncé à ses ambitions premières pour se cantonner à son thème trop limpide.
Malgré ce constat sévère "roche-nuée" se révèle très agréable à lire notamment par la personnalité d'Ombre qui évolue à un niveau de compréhension du monde et de maturité bien loin de ses congénères. C’est finalement avec regret qu'on en termine sans en savoir beaucoup plus sur le monde qui entoure la montagne et sans savoir le destin du héros. Puissent les nouvelles éditions Scylla nous faire découvrir d’autres texte de ce auteur qui semble extrêmement prolifique et jamais traduit. 6/10