C'est la deuxième biographie faite par François Bon que je lis. La première était sur les Rolling Stones, et le livre m'était tombé des mains tant le style est dense et se perd dans les micros détails, et qu'en plus les Stones sont globalement des êtres humains désagréables.
Mais comme François Bon est connu pour ses biographies musicales notamment sur Bob Dylan, j'ai voulu tenter un deuxième essai avec un groupe que je préfère largement au Stones.
Et bah c'est pas beaucoup mieux. François Bon a un style particulièrement lourd à mon sens où il mêle anecdotes personnelles, récit non linéaire, et là où il est à peu près bon c'est d'avoir confronté plusieurs sources et donc d'apporter un éclairage sur des personnages pas du tout secondaires que sont Peter Grant et Richard Cole.
François Bon est donc un fan hardcore de Led Zep, ce qui n'est pas mauvais en soi, mais le récit prend un affect particulier et manque parfois un peu de recul. Il a pris le parti donc de découper le récit en faisant parfois un focus sur un personnage, il commence par Bonham, puis Page, Grant, ... et fini par Robert Plant, mais tout en suivant de temps en temps l'historique du groupe. Donc ça donne un petit style mais cela est particulièrement peu digeste. Pour ceux qui connaissent bien Led Zep, cela doit être original comme narration, mais du coup on a l'impression que c'est un initié qui écrit à des initiés.
Il y a quelques points forts toutefois : on a un portrait assez complets des musiciens et de leur entourage. Bonham est décrit dès le départ un personnage borderline et alcoolique, dont la vie de tournée va aggraver la situation. Page parle peu et a une idée très précise du sens dans lequel doit aller sa musique, un mélange de blues revisité, de musique lourde et agressive, et d'éléments prog/folk. C'est toutefois l'un de ceux qui va sombrer dans l'héroïne, et qui a des penchants pour les très jeunes femmes assez problématiques. John Paul Jones et Robert Plant semblent être les plus stables, mais ceux qui les pervertissent sont Peter Grant et Richard Cole, leur manager. Cole en particulier les introduit aux drogues et aux différents excès (le livre s'ouvre sur deux anecdotes assez sordides qui ont été déformées et amplifiées par la presse semble-t-il). François Bon a confronté tous les récits, et donc on découvre que le groupe a une réputation aussi sulfureuse voire plus que les Stones ou les Who, et rappelle que la presse britannique les déteste alors que le groupe cartonne aux Etats Unis grâce au talent de programmateur de Peter Grant.
Un ouvrage intéressant sur Led Zeppelin, mais peut être pas le plus abordable sur le groupe.