Quelle drôle d'idée que de venir entrelacer sa narration avec les excellents chapitres commis à son propre sujet par Romain Gary lui-même... compléter une autobiographie déjà foisonnante, c'était prendre un risque énorme, parce que tout ou presque avait déjà été dit, et avec quel talent ! Seksik se glisse dans ce "presque" et interroge la figure du père. On sait la place que prend la mère dans l’œuvre de Gary, peut-être était-il effectivement nécessaire de réhabiliter le père, cet absent si criant dans La promesse de l'aube. Malgré tout, c'est un peu marcher sur les plates-bandes d'un géant, alors, forcément, on ne peut que comparer, et c'est rarement en faveur de ce livre. Pourtant, il y a de belles pages (notamment les propos d'une jeune fille orpheline de père qui médite sur les hommes en général, ou l'épilogue sur la folie furieuse nazie et la rédemption d'un père...), mais, au final, l'entreprise pâtit de la tutelle d'un écrivain majuscule dont il est impossible de s'affranchir vraiment. Ou alors je l'ai lu trop près de son auguste prédécesseur.