On connait Pratchett pour son humour absurde et décalé, muant petit à petit en une satire sociétale, mais ses positions philosophiques, ses réflexions sur le monde disséminées dans ses romans (surtout sur la fin) sont un peu mis de coté.
Dans Ronde de Nuit, Pratchett est plus cynique et plus pessimiste que d'habitude dans cette revisite de la Commune de Paris.
Le livre est étrangement en correspondance avec l'actualité politique de notre bon pays. C'est presque comme si à chaque intervention de Mélenchon, un passage de Pratchett pouvait s'appliquer.
Ainsi, quand Mélenchon parle du Peuple, qui évidement le soutient absolument, à longueur de journée, il y a une citation de Pratchett pour ça :
Il y avait bel et bien des conspirateurs, aucun doute là-dessus.
Certains étaient ds gens ordinaires qui en avaient assez. D'autres des
jeunes sans argent qui contestaient un monde entre les mains de vieux
richards. D'autres étaient encore dans le coup pour avoir des filles.
Et d'autres encore des imbéciles aussi cinglés que Swing qui
partageaient avec lui sa vision rigide et irréelle du monde, qui se
rangeaient dans le camp de ce qu'ils appelaient "le peuple". Vimaire
avait passé son existence dans les rues, il y avait croisé des braves
citoyens, des idiots, des vauriens prêts à voler un sou à un mendiant
aveugle, des gens qui accomplissaient tous les jours des miracles en
silence ou commettaient des crimes abominables derrière les fenêtres
crasseuses de leurs petites maisons, mais il n'avait jamais croisé le
Peuple.
Quand Mélenchon parle de la Révolution Française et du Peuple, de la Rue qui s'est levé pour bouter les rois, il y a aussi une citation de Pratchett.
Je suis un homme très simple. Je sais comment marche le monde. Il
suffit de suivre l'argent. Remontoir est un fou et ce n'est pas bon
pour les affaires. Ses copains sont des criminels et ce n'est pas bon
pour les affaires non plus. Un nouveau Patricien aura besoin de
nouveaux ennemis, des gens clairvoyants qui veulent prendre part à un
avenir radieux. Un avenir bon pour les affaires. Ca marche comme ça.
Des réunions dans des salles. Un doigt de diplomatie, on donne un peu
d'un coté et on prend de l'autre, une promesse par-ci, un arrangement
par-là. Voila comment se font les vraies révolutions. Toute cette
agitation dans la rue, c'est du vent, rien d'autre.
Perso moi aussi je me méfie de ceux qui revendiquent le monopole du Peuple.