Rue de la Sardine, c'est un petit bouquin de 200 pages tantôt joyeux tantôt émouvant, positif, rempli de tendresse et qui transmet indubitablement la bonne humeur qui transpire du récit.
Rue de la Sardine, c’est une focalisation sur la vie quotidienne d'habitants d'une petite rue d'un petit bled déshérité au fin fond de la Californie, semblant presque coupé du monde extérieur.
Rue de la Sardine, c'est un portrait des petites gens, de pauvres hères, des invisibles, de ceux d'en bas, des monsieur tout le monde, ceux qui ne font rien de « grand », rien qui ne « mérite » de rentrer dans les « annales de l’Histoire », à l’écart de la société moderne, vivants d'errance et de boisson. Alcoolisée évidemment.
Rue de la Sardine, c'est cette rue remplie de personnages hauts en couleur, pittoresques, tous attachants malgré leurs défauts. Avare usurier épicier chinois pivot de la vie quotidienne, le respectable biologiste Doc chasseur d’animaux au centre de l’histoire, une tenancière de maison de jouissance, petits zonares turbulents, débrouillards et baragouineurs, vivants au jour le jour, roublards, chapardeurs et maladroits mais au grand coeur. Il n'y a pas de Mal, seulement des gens qui essayent de bien se comporter mais qui souvent, comme Mack et sa bande, n'arrivent pas, ne peuvent atteindre le but fixé. Entre le vouloir et le pouvoir il y a un fossé ! D’où le côté un peu pitoyable qui se dégage du récit.
Rue de la Sardine, c'est aussi un attachement aux petites choses de la nature, cette sorte d'émerveillement enfantin devant tout et rien envers cette beauté naturelle qui nous entoure à laquelle nous ne faisons pas assez attention. Dans Rue de la Sardine, on s’émerveille du simple récit d’un lever de soleil et où on est passionné par une modeste chasse aux grenouilles.
Rue de la Sardine, c'est un récit social quelque peu déstructuré dans sa narration, composé de brefs chapitres focalisés sur un ou plusieurs personnages, passant du coq à l’âne sans réel lien apparent mais qui au fond se rejoignent.
Rue de la Sardine, c’est un récit humain, humble, attachant, bienveillant, qui évite le misérabilisme et le moralisme, servi par la plume légère, ciselée, dynamique, humoristique d'un John Steinbeck qui montre qu'il sait écrire autre chose que de gros romans sérieux tels Les Raisins de la Colère ou A l'est d'Eden.
Rue de la Sardine, c’est un livre dans lequel un homme salut des chiens et qui lui rendent la politesse.