Rumba
7.9
Rumba

livre de Alberto Ongaro (2002)

Un roman-pépite qui donne l'envie de s'aventurer pour mieux connaître les éditions Anacharsis, l'œuvre d'Alberto Ongaro ou encore celle de Dashiell Hammett.

Devenu auteur de roman policier pour assouvir ses propres envies de meurtres, John B. Huston vit à Porto Alegre au Brésil, où il dilapide au jeu le peu d'argent que ses ex-femmes ne lui soutire pas. Quand Valentin l'appelle d'Uruguay, l'aventure commence. Au pas, prudemment, on entre dans une « énigme tropicale ». En lui demandant de venger l'assassinat de Cayetana, une sublime Mexicaine qui hante ses pensées, Valentin propulse son ami écrivain dans une enquête dont l'atmosphère rappelle parfois le mystère austerien postmoderne et limite absurde. Car dans cette Amérique latine sombre des années 50', bordée d'océans furieux, ceux d'en haut ne sont jamais loin de ceux d'en bas.

Plus qu'une enquête, Huston reçoit de Valentin une véritable obsession en héritage. Une obsession étrange, un romantisme passionné pour Cayetana que Valentin semble lui léguer avec son propre destin. Il lui faudra découvrir l'assassin de Cayetana avant de trouver le repos. Et cette obsession est doublée d'une monomanie qui contribue à l'ambiance obscure du roman : le culte du Faucon Maltais, dont la référence est partout. La trame frappe par l'évolution continue qui en découle. Car le début de l'histoire, à la fin, sera relégué à une autre époque pour chacun des personnages. Personnages dont le passé nous est livré au moment opportun par les détails qui accrochent, qui nous donnent l'image dont on a besoin, renforcent leur charisme, leur mystère ou leur côté répugnant.

Quant à Huston, il ne tire pas de conclusion hâtive, il prend son temps, démêle les nœuds progressivement, renforçant l'attention du lecteur, qui est pris au piège de ce suspense noir, étrange, latent. L'espoir des personnages est le nôtre. Et l'apparition de femmes plus belles les unes que les autres rythme le roman, de même que les pulsions charnelles qu'elles suscitent chez la gente masculine. Hommes et femmes embaument le mystère à coup de passés enfouis relégués au statut d'autres vies, d'identités multiples et de vérités tues. Et puis il y a cette impression qu'a Huston que tout a un rôle à jouer dans l'histoire – et notamment cette magnifique rumba dulce y bonita – que rien n'est dû au hasard, une impression fascinante qui renvoie à l'obscurité épaisse qui englobe tout le roman.

[...]
Morgouille
10
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le 7 févr. 2011

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