Running Man par Missbale974
Au même titre que Marche ou Crève,Running Man est un roman sombre et pessimiste sur une société en perte de valeurs.Là encore,Stephen King endosse la cape du visionnaire,et signe ici un roman d'anticipation:une Amérique dont le pouvoir suprême est la télévision plus précisément une téléréalité qui n'a rien à envier à la roulette russe.Pire encore,l'espèce humaine dépeinte dans le roman,est misérable et avide de violence,de sang.C'est la Cité qui veut çà en ghettorisant la population:à l'intérieur de la Cité,ce ne sont que les riches qui y résident et ils sont protégés par un haut grillage tandis qu'à l'extérieur,c'est l'anarchie,la pauvreté et chacun doit lutter pour sa survie comme Ben Richards,qui doit à tout prix gagner la traque pour pourvoir payer des médicaments pour sa famille.
On suit peu à peu Ben Richards dans l'arène de la Cité,on assiste progressivement à la déshumanisation,à l'humiliation de sa personne.Une fois signé le contrat,il n'a plus de passé ni de futur,il n'est plus le mari de,le papa de juste un numéro parmi tant d'autres.Le ton du roman est tellement effrayant et réaliste qu'on s'y croirait presque à la place de Ben Richards.Le lecteur se sent très proche de lui,quitte à ne plus faire la différence entre lui et nous.En outre,le systéme ne cesse de narguer les participants en les offrant à la veille probable de leurs morts:une chambre d'hôtel de luxe,un repas gargantuesque,des vêtements propres.L'air de rien c'est comme si on lui disait « profite bien c'est peut-être ton dernier jour »,en plus les créateurs du jeu sont persuadés de faire une bonne action,d'être les sauveurs d'un peuple en perdition.Tandis que les autres participants suivent à la lettre le processus,Ben va résister.De désillusion en désillusion,Ben cessera de croire en une issue en sa faveur et se dit « que quitte à partir autant le faire en apothéose ».Je ne vous raconterai pas la fin car ça risquerait de tout gâcher,d'autant plus que l'histoire atteint son apogée dans les dernières pages.Stephen King retrouve alors sa plume horrifique avec sa traditionnelle fixation sur les intestins(due au poste qu'il avait occupé comme blanchisseur du linge d'un hôpital)et nous livre une fin qui n'est pas sans rappeler un terrible événement survenu il y a quelques années.Je n'en dirai pas plus mais je suis sûre que quand vous lirez les lignes concernées,vous comprendrez tout et vous vous direz non un certain malaise que le coïncidence est troublante,même si le livre a été écrit qu'en 1982.
Ce qui m'amène à la conclusion que Stephen King en plus d'être un excellent auteur,est également un excellent avant-gardiste.A son époque imaginer un telle société et surtout dépeindre une société qui a de grandes chances de voir le jour,est pour moi prodigieux.D'autre part,l'œuvre de l'auteur a fait l'objet d'une adaptation cinématographique plutôt mitigée,avec dans le rôle titre Arnold Swarzenegger.Elle a également influencé d'autres romans comme dernièrement Hunger Games(critique bientôt) de Suzanne Collins.Running Man c'est avant tout la critique d'un systéme autoritaire et omniprésent où règne violence,gratuité et décadence.Tout simplement saisissant!!