J'écris ma première critique (soyez indulgent) et je choisis ce livre pour la sensation incroyable qu'il a provoqué chez moi et qui encore aujourd'hui (je l'ai lu il y a une vingtaine d'années) me saisit.
Je me souviens avoir eu beaucoup de mal à me lancer dans sa lecture ; plusieurs fois je m'y suis mis et ai abandonné avant la 10ème page, craignant de m'engager dans une histoire à la "Robinson suisses" avec des personnages d'enfants exclusivement et le choix stylistique de Golding d'écrire "à hauteur d'enfant".
Un puis un jour pas fait comme un autre, j'ai franchi le cap de la 10ème page. Et là, j'ai été littéralement happé. Curieusement, malgré le temps passé, je me souviens exactement des circonstances de cette lecture, un week-end, sur mon canapé. J'ai ouvert le livre vers 11h du matin et je l'ai refermé après 20h, sans manger, boire ou quoi que ce soit d'autre.
Je ne saurai décrire comment Golding instille le malaise, comment ces enfants agaçants deviennent progressivement des personnages captivants et comment sourd autour d'eux l'angoisse qui au fil des pages devient presque de la panique. Ce livre m'a vraiment "eu" par surprise.


Le résumé et les analyses de cette œuvre sont connus, je ne rajouterai pas les miens qui n'ont rien d'éclairés. J'ai été fasciné par un personnage secondaire que dans certains ouvrages scolaires consacrés à ce livre on qualifie de personnification de la cruauté. Il s'agit de Roger. Si on admet que l'enjeu de tous ces gamins (les plus âgées, le plus jeunes formant une masse indistincte - le peuple ?) est d'acquérir du pouvoir au sein de la communauté qui se reconstitue sur l'ïle, Roger a peu d'atouts. Il n'est pas le plus charismatique, il n'est pas le plus grand ni le plus fort, il n'est pas le plus intelligent ou le plus sensible. Mais il ose la transgression. Il est celui qui sans cesse interroge ses comparses sur les limites qu'ils se fixent et pourquoi ils ne les dépasseraient pas. Il est celui qui grâce aux masques ou aux peintures permet aux enfants autoproclamés chasseurs de mettre à mort le cochon sauvage qu'ils ont capturé (tuer un animal à visage découvert semblait impossible). Il est aussi celui qui justifie une forme de fascisme infantile (puisqu'on est les plus forts, pourquoi ne pas en jouir ?). Certes, c'est un personnage plutôt négatif, mais son évolution, presque subreptice dans la narration, jusqu'au pouvoir est étonnante et fascinante car Roger agit peu de lui même, il se contente d'influencer les autres.


J'ai refermé le bouquin à bout de souffle, à force d'avoir couru avec Ralph pour sauver sa vie (ou la mienne) sans bouger de mon canapé. Et je ne l'ai jamais rouvert. Pour conserver la magie d'un moment...

kochfo
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le 15 janv. 2017

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