Passant outre le côté "soap" décidément trop présent et assez agaçant, appréciant à sa juste valeur la beauté des images et le jeu des acteurs, cette série m'a laissé perplexe.
Quasiment tous les personnages, à l'exception de quelques seconds rôles (notamment dans la communauté indienne), sont assez antipathiques, plutôt malsains et ultra-violents tout en étant présentés de manière assez valorisante (les acteurs sont très beaux, très "cow-boys hollywoodiens", avec un Kevin Costner charismatique en diable). Ne comprenant pas l'intention de l'auteur, je me suis résolu à faire des recherches rapides sur l'élevage dans le Montana (pour moi, l'élevage bovin aux États-Unis, c'est du bœuf gavé d'hormones nourri avec de la farine animale).
Et ce que j'ai trouvé me réconcilie un peu avec la série qui m'a laissé un sentiment mitigé mais plutôt négatif. Le Montana, ce sont des paysages grandioses, une densité très faible, une colonisation de peuplement européen majoritairement faite d'habitants des états du sud sécessionniste hostiles à toutes formes de règlementation fédérale et qui ont érigé un principe de liberté totale sur leurs propriétés agricoles, forestières ou minières. Le personnage joué par Kevin Costner est donc assez emblématique de ces premiers colons européens du Montana.
Mais ces "anciens" du Montana ont vu leurs valeurs se retourner contre eux. Les riches californiens (incarné par le personnage de Danny Huston) attirés par les paysages magnifiques achètent à tout va et les prix fonciers grimpent, les anciens agriculteurs ne peuvent pas suivre car ici comme ailleurs, l'agriculture, et singulièrement l'élevage, n'assure plus assez de revenus (surtout face à la concurrence des usines à vaches sous hormone de Californie). Finalement, la terre rapporte plus par elle-même (le foncier) que par ce qu'elle produit (l'élevage). Et comme le Montana est un état un peu réac qui déteste la règlementation, les anciens agriculteurs n'ont aucune loi pour les protéger !
De fait, il semble y avoir de réelles tensions dans le Montana, avec des "anciens" (Costner) qui s’arque-boutent pour défendre leur façon de vivre dans un combat vain puisqu'ils refusent absolument les règles qui pourraient les protéger, face à des "nouveaux" (Huston), plus riches et qui en plus peuvent se prévaloir d'agir pour la défense de l'environnement (par exemple, l'histoire du grizzli dans la série - dans la réalité, ce sont les élans qui cristallisent les crispations, les "nouveaux" veulent les voir dans les vallées alors que les "anciens" n'en veulent pas car ils bouffent les pâturages du bétail).
Il y a donc un vrai fond de réalité politique dans ce que nous donne à voir Yellowstone, mais enrobé dans tant de "soaperie" avec ces personnages à la limite du ridicule ; le plus jeune fils qui, avec son air perpétuellement tourmenté, tue quelqu'un chaque fois qu'il bouge, la fille poivrote qui adore être une garce, le cow-boy mutique, marqué au fer et qui exécute les pires horreurs sans état d'âme, le chef indien machiavélique, etc... qu'il devient quand même assez illisible.