Montana Spurs

Intégralité de la série :

Il y a comme un air de déjà vu avec Kevin Costner en cow-boy vieillissant et ici patriarche, soit le concept de base de Yellowstone, qui va, autour de lui, construire plusieurs arcs narratifs qui vont s'entremêler.

C'est d'abord une série ambitieuse, souhaitant jouer autant sur la carte soap, avec une dynastie familiale au cœur du récit, que sur l'aspect western moderne ainsi que thriller, et sa force c'est de réussir sur tous ces points. Certes, la caricature n'est pas forcément bien loin à certains moments, en particulier durant la dernière saison avec certains personnages qui finissent par totalement s'enfermer dedans. Pourtant les auteurs savent souvent utiliser cette limite pour mieux nous immerger dans cet univers, où finalement on ne vit que selon les propres lois de chacun, là où créer la peur peut permettre de diriger, avec forcément des gens, plus ou moins cachés, pour tenter de prendre le trône.

La série ne perd pas vraiment de temps en route, dès le premier épisode, les différents enjeux sont placés (territoriaux, politiques ou familiaux) et on connait assez vite les oppositions. Puis, tout le long, de chaque saison, la tension ne va faire que monter, les scénaristes se montrent habiles pour dévoiler les péripéties fortes au fur et à mesure. La construction est aussi classique qu'efficace, on se passionne pour ce qu'il se passe et l'alchimie qui se développe peu à peu entre les personnages.

On notera d'ailleurs une capacité pour les auteurs à se renouveler et inclure de nouveaux arcs, comme la venue des frères Beck dans la seconde saison, l'évolution de Jamie dans la troisième, l'approfondissement de certains personnages (la famille de Kayce, ceux qui bossent au ranch, etc) et la continuité que l'on trouve dans les 3 dernières saisons avec une confrontation principale stable.

C'est d'ailleurs par le prisme de ceux-ci que la série est vraiment une réussite, dès le départ ils sont intéressants malgré des aspects caricaturaux (Beth principalement, ce qui s'accentue plus on avance), ils font et défont les enjeux. Yellowstone prend son temps pour d'abord nous faire découvrir le patriarche, puis son clan et enfin les diverses oppositions. Dans tous les cas, aucun n'est vraiment bon, il y a du mauvais dans chacun d'eux, et la violence est régulièrement au cœur de leurs rapports. La série parvient à tous les faire exister, et par eux, les auteurs étudient la nature humaine et surtout, la violence, l’égoïsme ou simplement l'idée de meute familiale qui peuvent s'en dégager.

Et là où la série se montre particulièrement géniale, c'est dans sa façon de rendre attachants des salauds, ou du moins des gars louches, à l'image de Rip dans les premières saisons, et des histoires avec les anciens taulards. Celui-ci deviendra d'ailleurs de plus en plus attachant, à l'image d'une troisième saison qui l'approfondit encore plus. Il y a une ambiance tout le long prenante, sentant bon les mystères, violences, la contemplation, le fatalisme et des moments plus calmes, parfois même tendres.

Les jolies et vastes plaines du Montana sont assez bien exploitées, tant pour les admirer qu'être le lieu de diverses complots ou affrontements, et il se dégage une certaine mélancolie de tout cela. Il y a une réelle ambition pour le visuel, apportant un côté encore plus majestueux à ces terres qui le sont déjà.

Enfin, la série est aussi portée par de remarquables comédiens, d'abord avec un Kevin Costner très à l'aise en patriarche usé mais fort, devant faire face à tant de problèmes et n'hésitant jamais à recourir à la violence. Il est très bien épaulé par de parfaits seconds rôles, tant dans sa famille (Luke Grimes est particulièrement très bon en cow boy sauvage) que chez les proches comme Col Hauser génial dans le rôle de Rip, ou dans l'opposition, avec notamment Danny Huston ou Gil Birmingham.

Enfin, en plus d'un cadre (ranch, bar...) génialement exploité, il y a aussi, comme le dit très bien l'ami Custom51, une bande-originale d'enfer majoritairement constituée par les Whiskey Myers.

Emmené par un parfait Kevin Costner en cow-boy usé, Yellowstone parvient à génialement mêler western, soap et thriller, s'appuyant sur une écriture de qualité, tant pour les personnages que les enjeux, et une mise en scène à cette image, créant parfaitement une atmosphère sombre, mystérieuse et violente, ainsi que de majestueuses images de vastes et magnifiques terres.