Marie-Adélaïde, c'est une héroïne à mi-chemin entre Fidèle du roman Dysfonctionnelle de Axl Cendres, Paloma du roman L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery et Holden L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger.
Une héroïne remuante qui n'a pas sa langue dans sa poche, à qui la vie n'a pas fait l'effort de lui faire de cadeaux, et cela, dès sa naissance. Une naissance sous X, sous mauvais augure. Une adoption avortée, un passage en prison, aucune perspective d'avenir.. Loin d'être en échec, elle est en questionnement et à force de question, elle s'y perd.
A la recherche d'un point d'ancrage, elle va se lancer dans la quête et l'enquête de l'identité de sa mère. Mère, dont elle s'est fait une image très précise.
De chapitre en chapitre, elle se lance dans des diatribes et de digression en digression, elle se raconte en toute sincérité et de façon spontanée : son quotidien, ses décisions (bonnes ou mauvaises), ses doutes, ses raisonnements, ses rencontres. À aucun moment, elle ne tombe dans l'étalage de sentiments et le pathos. Elle ne tente pas de nous attendrir.
Elle nous parle d'elle, mais aussi de la société. Dont elle fait une critique cinglante et cynique, notamment sur le comportement des gens. Un brin moralisatrice, elle tient néanmoins des propos qui ne laisse pas de place au faux-semblant et à l'hypocrisie. C'est vivifiant.
Marie-Adélaïde, elle est piquante et mordante. Elle est drôle, parfois grinçante, un peu cynique et surtout authentique. Elle mord tout ce qu'elle touche. Concrètement, elle n'a pas foi en l'humain et pourtant elle est indulgente et bienveillante avec tout ceux qu'elle croise. Impossible de ne pas s'attacher à ce bout de jeune femme et lui souhaiter de trouver les réponses à ses questions et surtout des lendemains plus doux.
Ce roman se lit à mille à l'heure. Pour en savoir plus sur l'héroïne, son crew farfelu et son enquête fatidique. J'ai l'ai lu avec les yeux exorbités d'un bout à l'autre, pour deux raisons : à chaque réflexion sociétale ou géopolitique, je me suis dit "non elle n'a pas osé ?!". À chaque avancée dans l'enquête de Marie-Adélaïde j'étais comme une groupie qui soutient sous poulain. Évidemment, j'avais le cœur qui battait la chamade. Ce roman ne se lit pas, il se vit.
Verdict : Saphia Azzeddine boxe avec les mots. Sans jamais nous perdre, l'auteur nous propose une histoire intéressante d'un bout à l'autre. Une histoire portée par une enquête, mais au final, c'est tellement plus que ça. C'est une histoire de place dans la société, d'équilibre et de réalisation de soi. C'est aussi et surtout, une vive, très vive, critique des rapports humains pollués par le paraître, la position sociale et l'argent.