Saisons funestes par Kiichigo
Saisons funestes est le premier tome des Annales relaté par Murgen, qui succède à Toubib en tant qu'annaliste et raconte ce qui s'est déroulé durant le siège de Dejagore...enfin, pas tout à fait.
La particularité de ce tome vient du choix de présenter l'histoire non pas dans l'ordre chronologique, comme durant les précédents tomes, mais en suivant les sauts dans le temps que subit Murgen et qui le projettent à différents moments de son passé entre le siège de Dejagore et le moment où le récit prend fin, qui nous est annoncé dès le départ comme un drame essuyé par La Compagnie. Ce choix de temporalité donne tout le piment du livre. En effet, dès le départ, on sait que La Compagnie est face à un gros problème, mais on ne sait pas lequel et, durant tout le livre, la question reste en suspens, nous retraçant au gré des sauts temporels aléatoires de Murgen le déroulement des actions de la Compagnie jusqu'à ce "drame". Au final, nous nous retrouvons dans le flou total et sommes aussi perdus que Murgen qui ne contrôle plus l'époque où son esprit se rend. La lecture est parfois un peu difficile, car on a dû mal à comprendre et à relier les morceaux d'histoire les uns aux autres, mais le suspens, le maintien permanent de la tension et l'envie de connaître la suite permettent de tenir et d'essayer de rassembler les pièces du puzzle.
Ce changement de narrateur nous permet également de voir de l'intérieur la situation de Dejagore pendant le siège, là où nous n'avions auparavant qu'un point de vue extérieur à travers les annales de Madame. Cependant, et c'est un peu le point qui me déçoit, le siège de Dejagore n'est pas vraiment raconté. En effet, il est décrit de façon floue, car le roman s'attache plus à présenter tout ce qui s'est passé depuis Dejagore (contrairement à ce que je croyais, la faute au résumé, le vilain) et à aborder l'intrigue des sauts dans le temps de Murgen, qu'à véritablement décrire le siège.
Changer de narrateur permet également d'avoir un point de vue extérieur concernant les agissements de Madame durant la période du siège, différent, évidemment, de son point de vue à elle dans Rêves d'acier. Et c'est dans ce tome que l'on se rend réellement compte à quel point changer d'annaliste au fur et à mesure est un véritable enrichissement pour le cycle, car il permet de croiser les points de vue entre les personnages en plus de changer de style d'écriture.
Pour conclure, je dirais que Saisons funestes commence bien les Livres de la Pierre scintillante, le bouleversement de l'ordre chronologique donnant un vrai plus à l'histoire pour ce tome-ci malgré une difficulté à suivre Murgen dans ses aventures qui, parfois, semblent frôler le délire, et malgré la frustration des nombreux blancs laissés.