Sans feu ni lieu
7.4
Sans feu ni lieu

livre de Fred Vargas (1997)

Les Evangélistes, le crapaud et la mouche

J'ai mis longtemps, mais je viens de comprendre quelque chose qui, pourtant, paraît évident.
Fred Vargas est la descendante de Georges Simenon (l'humour en plus). Cette affection pour les « petites gens », cette écriture d'autant plus travaillée qu'elle a faussement l'air « simple », cet art du dialogue, cette attention portée aux moindres détails, aux petits faits et gestes, et toute cette humanité un peu fracassée, un peu maltraitée par la vie, mais terriblement attachante, tout rappelle le grand romancier belge.
Sans Feu ni Lieu ne fait pas partie du cycle Adamsberg, mais on y retrouve d'autres personnages récurrents, surtout présents au début de la carrière de la romancière : les Évangélistes, trois historiens (Mathias, Marc et Lucien, surnommés ainsi en référence à Matthieu, Marc et Luc) spécialisés respectivement dans la préhistoire, le Moyen Age et la Grande Guerre (à ma connaissance, une fois les Évangélistes ont croisé le chemin du Pelleteur de nuages Adamsberg, mais j'ai oublié dans quel roman). A ces chercheurs est associé Louis ou Ludwig, surnommé l'Allemand (ou Le Fils du Rhin), ex agent du Ministère de l'Intérieur reconverti dans la traduction de biographie de Bismark et se déplaçant toujours en compagnie d'un crapaud somnolent.
Toute cette fine équipe va donc se lancer dans la traque d'un tueur de femmes. Enfin, pour être plus précis, ils vont cacher le suspect principal, celui dont le portrait robot s'affiche sur tous les journaux et tous les écrans du pays. Un suspect magnifique, un de ces personnages typiquement « vargassien » : un idiot, partiellement éduqué par une prostituée, et qui ne comprend pas grand chose à ce qui se déroule autour de lui. Le problème, c'est que personne n'est vraiment sûr qu'il soit innocent (de même que personne n'est vraiment sûr qu'il soit réellement idiot, et non un habile simulateur...).
Alors, ce n'est pas forcément le plus passionnant des romans de Vargas, mais ce que l'on aime chez la romancière est présent : des personnages marginaux et loufoques, de l'humour, un grand sens de la narration et surtout des dialogues. L'action rebondit à intervalles réguliers, le roman est assez court pour se lire vite et ne pas devenir ennuyeux. J'ai trouvé que la solution de l'énigme était un peu trop prévisible, et je conserve ma préférence pour les romans d'Adamsberg, mais ce Sans Feu ni Lieu ravira quand même les fans de Fred Vargas.

SanFelice
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Voyage littéraire en 2018 et Les meilleurs livres de Fred Vargas

Créée

le 28 janv. 2018

Critique lue 700 fois

18 j'aime

4 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 700 fois

18
4

D'autres avis sur Sans feu ni lieu

Sans feu ni lieu
JohnDeckard
7

Le plaisir d'un bon cru

Vargas délestée de son emblématique commissaire Adamsberg, signe dans ce roman une enquête fort sympathique menée par Louis Kehlweiler dit l'Allemand, ancien consultant du ministère de l’intérieur au...

le 20 avr. 2020

5 j'aime

Sans feu ni lieu
socrate
9

Une mouche dans le casque ?

Sans feu ni lieu, c'est d'abord des personnages attachants : Marthe, la vieille prostituée, avec toute sa gouaille, Clément, son protégé, pauvre accordéoniste un peu limité empêtré dans une sale...

le 3 mai 2011

5 j'aime

Sans feu ni lieu
sofiloue
8

Critique de Sans feu ni lieu par sofiloue

Encore un livre de Fred Vargas lu d'une seule traite. Une fois commence, dur de s' arrêter. On retrouve avec plaisir nos évangélistes et l'ex flic, Louis Kehlweiler. Ensemble, ils vont se relayer...

le 17 janv. 2013

4 j'aime

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

221 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

220 j'aime

12