Notre fidélité aux romans de Michael Connelly remonte à loin, à notre découverte de Harry Bosch, l’enquêteur du LAPD intègre et méthodique : c’est en 1993 que nous avons fait sa connaissance, dans les Egouts de Los Angeles, et, sincèrement, la manière dont il a vieilli avec nous ne nous a jamais déçus. Clairement, le travail de Connelly a connu quelques années moins passionnantes, et la série « Harry Bosch » ronronnait un peu, tandis que son auteur lui faisait des infidélités avec d’autres personnages, et en particulier son demi-frère Mickey Haller, le fameux "Lincoln Lawyer" , combattant pour des causes opposées à celles de Bosch… Est-ce la transposition très réussie des aventures policières et légales de Bosch (et Haller) dans l’univers de la série TV, mais toujours est-il que Connelly semble désormais connaître une nouvelle période d’intense créativité, avec des productions d’une qualité étonnante.

Après l’excellent L’étoile du désert sorti il y a pile un an, on retrouve, dans Sans l'Ombre d'un Doute, Bosch, à la retraite et victime de graves problèmes de santé, associé cette fois à Mickey Haller, qui est son demi-frère mais surtout l’avocat de la défense le plus réputé (et sulfureux ?) de Los Angeles : Harry Bosch fait donc ce qu’il s’était juré de ne jamais faire, chercher à faire innocenter des « coupables » condamnés par la justice ! Pire encore pour lui, le dossier sur lequel il travaille est celui d’une femme emprisonnée pour avoir assassiné son mari policier, héros de la « Cité des Anges » ! Mais, évidemment, Bosch va rapidement mettre à jour des faits troublants qui vont le conduire à revoir, non seulement le cas lui-même, mais sa propre conception de son métier et de la justice.

Néanmoins, Sans l’ombre d’un doute – comme son (mauvais) titre français l’indique – est aussi une « affaire pour Mickey Haller », qui va devoir défendre sa plaignante contre toutes les ressources légales de la ville de Los Angeles, décidée à ne pas laisser ternir l’image de sa police. Connelly choisit le mécanisme d’une double narration, à la troisième personne pour les chapitres relatifs à l’enquête, rapidement dangereuse, menée sur le terrain par Bosch, et à la première personne pour les scènes de prétoire, où Mickey Haller use de sa magie. Cette alternance entre deux « genres » différents de thriller fonctionne parfaitement bien (même si quelques chapitres à mi-parcours sonnent de façon un peu plus artificielle…), et l’enthousiasme du lecteur croît peu à peu au fil des pages, qu’il tournera de plus en plus frénétiquement, jusqu’aux surprises finales et à une conclusion… mémorable.

Car le « vrai » titre du livre, Resurrection Walk (que l’on aurait pu traduire facilement en français comme la « marche vers la résurrection », par exemple) révèle le véritable sujet du livre : englués – comme chacun d’entre nous – dans la routine de leurs métiers, dans leurs convictions aussi – Bosch et Haller vont faire au long de cette affaire un parcours personnel, intime, vers une sorte de « révélation », qui les conduira peut-être dans d’autres directions pour la suite de leurs carrières.

Avec ce dernier livre, Michael Connelly nous touche différemment, et plus profondément, qu’avec ses précédents polars. Et confirme que, au delà du succès de ses best-sellers, il est un écrivain qui compte.

[Critique écrite en 2024]

https://www.benzinemag.net/2024/09/24/sans-lombre-dun-doute-de-michael-connelly-la-marche-vers-la-resurrection/

EricDebarnot
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le 28 sept. 2024

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Eric BBYoda

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