Sôseki nous emmène sur les pas d'un jeune étudiant débarquant à Tokyo au début du XXe siècle. Venant tout juste de finir le lycée dans une province rurale du Japon, il va découvrir le monde universitaire et faire plusieurs rencontres qui vont influer sur le cours de sa vie, jusqu'à tomber amoureux de la jeune Mineko.
Après avoir lu Oreiller d'herbe, du même auteur, je retrouve la plume délicate et poétique du célèbre auteur japonais avec grand bonheur. Sôseki a l'art d'écrire avec une intrigue tout simplement inexistante pour ne s'attacher qu'à faire de la littérature de la sensation. Sensation au sens de ce qu'éprouve son personnage, pas seulement les sentiments mais plus globalement le ressenti tant physique qu'émotionnel. Tout se trouve dans la perception voire les non dits, notamment dans la relation mise en avant entre le jeune homme et Mineko.
Une nouvelle fois ancrée, mais avec un dosage infime, dans un Japon qui commence à se laisser pénétrer de la culture occidentale tout en gardant sa spécificité ; qui bascule aussi vers la modernité (les transports sont une nouvelle fois importants dans le récit), le roman de Sôseki se déroule tranquillement, à petit rythme comme pour lutter contre la vitesse exacerbée que peut prendre le cours de la vie moderne.
Il peut-être utile de rappeler que Sanshirô ne plaira pas à tout le monde, que le fait qu'il ne se passe pas grand chose en terme d'évènements, que le rythme lent et le style doux en font une œuvre singulière, qui se savoure comme on prendrait le temps de regarder un tableau.
En ressentant les choses, en subissant l'effet, en prenant le temps de lire chaque mot, chaque phrase pour percevoir ce qu'éprouve un jeune homme un peu ingénu découvrant un nouvel univers.