"Quand tu traverses la frontière , tu quittes un endroit pour pénétrer dans le néant . Tu troques une réalité connue contre quelque chose que tu dois te forcer à croire , à accepter , à comprendre .Quand tu traverses la frontière , tu laisses de côté une grande partie de ton identité et tu deviens quelque chose de différent , un spectre de chair ,composé de souvenirs brisés. Tu abandonnes ta famille , tes amis , ta langue et les rues que tu connais pour te retrouver dans un pays dont tu n'es pas citoyen , ou tu n'as aucun droit , et où tu dois te terrer comme un rat par peur d'être découvert . Alors tu changes . Tu te transformes , Tu deviens autre chose . Tu te dépêches d'apprendre l'anglais dans l'espoir que si tu communiques correctement , ta peau brune passera inaperçue . Tu t'habilles comme dans les bandes dessinés que tu dévorais quand tu étais enfant , les livres qu'on te forçait à lire à l'école , les films que tu regardais à la télé , et tu deviens une nouvelle personne . Tu caches tes tatouages ,et tu découvres que les gens dans la rue ne font attention à toi que si tu parles espagnol en leur présence . Tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour devenir un gringo, pour t'intégrer , pour devenir aussi invisible que les fissures sur le trottoir . Ta démarche est hésitante , parce que tout est mystérieux , nouveau et effrayant , et que tu te sens jamais le bienvenue . Quand tu traverses la frontière , tu espères trouver un bon boulot , gagner de l'argent et rencontrer une fille aussi douce que belle . Le rêve américain . Mais c'est des conneries , tout ça . Le rêve américain est aussi factice que le steak dans ton burger à un dollar et que les rires préenregistrés des sitcoms . Et pour toi , c'est encore pire (me permettant de rajouter à la narration que je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait y avoir de pire que le pire !?). Tu n'as pas de diplôme , tu n'as pas de qualifications , tu n'as pas d'amis , tu n'as rien . Tu es un problème . Un sans-papiers de plus . Un bouffeur d'haricots . Un clando . Un sujet de blagues . Tu es une question sur laquelle débattent des hommes politiques (avec la complicité d'éditorialistes/essayistes de tout bords -ça, c'est moi qui l'ai ajouté-) blancs dans le confort de leurs bureaux . Et quand tu en prends conscience , n'importe quelle offre devient alors synonyme de salut ,le décision la plus désespérée se transforme en solution idéale , l'idée la plus pourrie te redonne un peu d'espoir . C'est à ce moment-là que tu comprends que tu es engagé dans une guerre silencieuse où tous ceux qui ne sont pas comme toi sont des potentiels ennemis . Et c'est comme ça que tu deviens agent de sécurité qui vend de la came à des petits blancs aisés ." Cette narration sociologique est tiré d'un jeune romancier au nom de Gabino Iglesias , qui commettait là son premier livre ... "Santa Muerte" est un roman contractant à la fois le thriller ,le polar et aussi le roman noir ... Elle raconte l'histoire d'un jeune mexicain qui a du fuir son pays et qui vit depuis cinq ans dans le Barrio d'Austin dans le Texas , le Barrio (un quartier hispanique que l'on trouve aujourd'hui dans toutes les grandes villes américaines) . Ce jeune mexicain vit ou survit en faisant des p'tits boulots pas toujours légaux , et il deale pour un caïd local . Un soir , il est enlevé par une bande rivale qui vient de s'installer en ville ... On le libère pour mission de prévenir son patron qu'il a intérêt de céder son territoire . "Santa Muerte" propose une réflexion sur le sort des immigrants actuels , écartelés entre deux pays et entre deux traditions . Un roman de 188 pages , aussi addictif qu'une série court et fulgurant que l'on peut dévorer .
Note Objective : 6.5/10