Rendre belles des choses simples de la vie
Par Hannah Barton
Ces 23 nouvelles de Murakami nous transportent dans un univers étrange qui n'est pas sans nous rappeler le conte, avec néanmoins cette différence : elles portent en elles une tristesse et une lucidité absentes de l'univers du conte, où l'on exalte plus que l'on ne désole. Chez lui, les histoires qui se terminent bien sont rares. Mais cette mélancolie, toujours, s'exprime en silence, discrètement, avec poésie. C'est là le charme de ces nouvelles, pleines de subtilité, de suggestion, plutôt que d'outrance. De fait, on parle peu ; les personnages semblent peiner à s'exprimer, à vivre pleinement, peut-être parce que la mort les guette, ou parce qu'ils ressentent le besoin irrépressible de basculer dans le malheur. Nombre de questions émaillent les récits, dont celle de l'identité : qui est-on ? Un nom ? Une fonction ? Les personnes et les objets qui nous entourent ? Qui sommes nous réellement quand tout et tous nous ont quitté ? L'homme est seul, c'est indéniable, et Murakami ne cesse de nous en persuader. Son seul lot est d'attendre la mort, fin absurde qui mettra un terme à une existence tout aussi absurde. « La mort n'est pas la fin de la vie, elle en est une partie », écrit Murakami. Vivre, c'est déjà mourir. (...)
Lire la suite sur : http://www.chronicart.com/livres/haruki-murakami-saules-aveugles-femme-endormie/