Sauve qui peut, demain la santé est un recueil de nouvelles de science fiction, aux éditions la volte (entre autre connu pour être la maison d'édition qui publie Damasio). Ce recueil de 15 nouvelles a été coordonnées par Stuart Calvo. On retrouve des plumes connus des adeptes de La Volte et d'autres dont je n'avais jamais entendu parler.
La thématique de la santé proposé et mise en avant est finalement parfois un peu lointaine. On retombe trop souvent à mon gout dans une critique mêlant la médecine actuelle, big pharma, big data dans un gloubi goulba où tout semble inextricable et où les « médecines alternatives » sont souvent présentés comme une porte de sortie enviable, alors qu'elles ne sont pour moi qu'une énième manifestation de la sur médicalisation de notre société. C'est un peu le problème pour moi dans les critiques de la santé qui sont fait par les milieux de gauche (dont je me sens pourtant proche par ailleurs idéologiquement) : la médecine conventionnelle et scientifique est souvent présenté comme damné et sans espoir ; et les alternatives comme forcément bienveillantes (Boiron ou Weleda ne sont pourtant pas des mouvement philantropiques).
Si on met de côté ce défaut qui n'est pas propre à ce recueil, les nouvelles sont assez inégales. Certaines m'ont vraiment emballées, présentant une vision intéressantes de certaines problématiques de notre système de santé. On est presque dans la veine de Black Mirror, avec un point pris par l'auteur ou l'autrice et poussé jusqu'à son extrême absurde. Par exemple la pénurie de certains médicaments et comment les usagers doivent y faire face ; ou encore le développement de l’activité des street médics, ou des lieux de soins autogéré et un compagnonnage poussée à l'extrême. D'autres nouvelles que j'ai apprécié vont s’intéresser au développement de plusieurs type de population selon leur statut face à certaines maladie ou médicament (tristement d'actualité), ou encore des porteurs de guérisons qui apporte une vision intéressante à ce que peut être justement la médecine alternative. On alterne des style très sérieux, noirs ou du moins très sombre ; avec du joyeusement foutraque et punk assez jouissif.
D'autres nouvelles s'inscrivent dans la lignée de ce que peut proposer Damasio par exemple, jouant énormément sur la forme. J'ai été moins sensible à ces essais et j'ai eu du mal à lire ces nouvelles.
Enfin, d'autres nouvelles vont plus s'inscrire dans des histoire s'éloignant franchement de nous pour aller explorer d'autres univers ou d'autres espace-temps. Idem, j'ai été moins emballé par celle-ci, sans doute trop éloigné de mon quotidien pour que je puisse faire les ponts qui m'ont fait réfléchir sur les autres.
Globalement, la diversité des points de vus fait que cette anthologie mérite d’être lue, ne serait-ce que parce qu'il y aura forcément ou nouvelles très intéressantes quelque soit le lecteur qui s'y plonge. C'est là toute la force de Stuart Calvo, qui explique très bien dans sa post face le travail titanesque qu'il a fallu fournir pour sélectionner nouvelles sur les centaines reçues, afin de proposer un tout cohérent, qui parle à tous et toutes et guide notre réflexion par l'agencement et l’enchaînement de nouvelles toutes différentes mais aussi très semblable. Faire ce travail si particulier à ce moment si singulier de l'histoire humaine, où la santé vient tant perturber notre quotidien montre également un certain talent pour anticiper le futur. N'est-ce pas là ce que l'on demande à la science fiction?