Après quatre tomes qui constituent en quelque sorte un cycle complet, Marie-Aude Murail a su intelligemment faire évoluer son petit monde. D’une part avec un bond dans le temps de deux ans et d’autre part en plaçant le curseur davantage sur Sauveur et sa tribu que sur sa « clientèle ». Cette derniers est toujours bien présente mais la mécanique du récit repose plus fortement sur les épaules du psychologue et des siens. Le résultat est probant, les pièces du puzzle s’imbriquent toujours avec évidence, les sujets abordés restent d’une grande actualité, les dialogues se dégustent avec la même gourmandise et les traits d’humour ne cessent de faire mouche.
Cerise sur le gâteau, le final laisse augurer une suite inéluctable. Impossible de nous laisser en plan avec tant d’incertitudes sur l’avenir de Gabin, les amours d’Alice, l’amitié fragilisée de Lazare et Paul et surtout, surtout, les relations de couple de Sauveur et Louise. Bref, il y a encore matière à nous faire partager les péripéties d’une galerie de personnages dont il semble impossible de se lasser, et c’est tant mieux.