C’est ce que j’ai toujours pensé être…mais dans vingt-cinq ans je ne pourrai plus dire ça, la juvénilité corporelle m’aura quitté.

Mon rejet inné de tout ce qui est moderne en matière de production culturelle est ce qui m’a inspiré cette appellation. Quand un adulte qui, gamin déjà, préférait Michel Sardou au rap, les De Funès à Star Wars et Homère à Harry Potter entend parler d’un livre qui fait l’apologie de la vieillesse, il ne pouvait que sauter dessus.

Bon, ce n’est pas une apologie de la vieillesse, mais plus un argumentaire pour aider les gens à accepter la vieillesse et ce qu’elle implique.
C’est un court texte que Cicéron nous présente. Sous la forme d’un dialogue entre un vieux, Caton, qui monopolise la parole pour tresser les louanges de la vieillesse, à deux jeunes, l’auteur réfute les quatre reproches principaux faits à la maturité de l’âge.

Être vieux ôte la participation aux affaires publiques mais permet de justifier un rôle de conseiller grâce à l’expérience acquise. Certes, mais pour ça, il faut avoir été un jeune qui s’est instruit. Dans le cas contraire, ça donne un vieux avec des tatouages carpe diem sur les bras qui prodigue des conseils de vie qu’aucun troquet n’a pas déjà entendu. Bon, certes, Cicéron dit bien que le vieillars doit continuer de s’exercer intellectuellement, ce qui sous-entend qu’il s’est déjà exercé étant jeune, mais dans ce cas, la vieillesse n’est qu’une récompense de notre labeur intellectuel livré dans la jeunesse.

Être vieux ôte la vigueur, mais cette perte est compensée par le muscle du cerveau, qui lui n’est pas affecté par le vieillissement. Il nous invite donc à relativise et milite encore en faveur de l’activité intellectuelle, point sur lequel je le rejoins, mais qui implique, encore une fois, de s’être cultivé étant jeune.

Là où le bât blesse, c’est quand il approuve la perte des plaisirs charnels. Pourquoi un vieux ne pourrait-il plus baiser ? S’il aime ça, et surtout s’il le fait dans le respect de la chose, en quoi s’en priver ne le rendrait pas frustré ? Entre deux trucs de vieux qu’il ensence comme le jardinage, les réunions entre autres vieux ou les balades buccoliques, il y a bien moyen de caser un jeu de serre-croupière, non ? Je suis aussi en désaccord sur les droits sociaux accordés au vieux. Je n’ai jamais compris pourquoi je devrais me lever ou laisser la parole à un vieux juste parce qu’il est vieux. Ce qui m’intéresse, c’est son capital intellectuel, pour ça, je veux bien montrer ma révérence.

Puis il finit par un grand classique de la nomenclature stoïcienne : ne pas craindre la mort. Si la mort ôte la vie de l’âme, alors tout s’éteint, et si elle la maintient pour la transférer dans je ne sais quel endroit métaphysique, alors il faut se laisser guider.
La mort éteint tout, celui qui meurt perd toute souffrance, mais aussi tout plaisir potentiel. C’est un thème compliqué qui mérite une réflexion plus poussée que « ne crains pas la mort parce que soit elle te libère de tes douleurs, soit elle t’accompagne pendant ta métempsychose ».

Bref, je suis ressorti assez mitigé de cette lecture, elle contient les éternels sermons naïfs propres au stoïciens, seul le thème de la vieillesse est original.

Ubuesque_jarapaf
6

Créée

le 23 mars 2023

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