Lorsque je note un livre, je fais souvent face à un dilemme : dois-je mettre une note favorable à l'ouvrage parce qu'il est bien rédigé ? Parce que le style littéraire est impactant, pertinent, parce que les descriptions sont justes, poétiques, recherchées ?
Il m'arrive de mettre une bonne note pour ces raisons.
Mais il y a aussi un autre aspect, que je juge presque aussi important : est-ce que l'histoire m'a plu ? Est-ce que l'intrigue m'a tenue en haleine, divertie, surprise, émue, ou au contraire ennuyée, rebutée, déçue ?
J'ai trouvé cette oeuvre de Philippe Besson bien écrite, facile à lire et en même temps juste dans la description des sentiments, émotions et situations décrites (un exercice que l'on croit souvent facile, à tord). Le sujet est universel, nous avons tous (ou pratiquement) déjà connu une rupture.
Je n'ai rien à reprocher au style littéraire, mais l'intrigue, le point de vue, la narration, le parti pris : je les ai trouvés pénibles ! Une femme qui se plaint pendant 151 pages (!) : "pourquoi m'as-tu quittée ?", "Tu étais trop bien pour moi", "Nous étions trop différents", "J'essaie de t'oublier", "Je n'y arrive pas", "Ignore-moi encore, je te resterai dévouée". J'ai eu du mal à adhérer à ces 150 pages de lamentation, l'héroïne qui se place en victime, en martyre pendant tant de pages, c'est long ! Vingt pages pour raconter cela m'auraient suffi. J'imagine que c'est ce qui fait la "beauté" de l'ouvrage, son côté cru, à vif, sincère, le fait de ressasser une rupture, d'enchaîner les hauts, les bas (dans cette histoire beaucoup de bas). Mais je n'ai pas réussi à y adhérer et cela m'a ennuyée. J'ai dû lutter pour poursuivre la lecture, à plusieurs reprises.
La fin m'a agréablement surprise et j'ai fini par apprécier l'œuvre, mais est-ce parce que l'héroïne est enfin sortie de sa léthargie ? Et donc, le récit aussi ?
Bref, un 6/10, non pour la forme mais pour le fond. Cependant, dans un livre, les deux ne sont-ils pas intrinsèquement liés ?