Il y a de nos jours suffisamment peu de "polars" qui se frottent à la littérature - la vraie, dirons-nous de manière un peu clicheteuse - pour que "Seul le silence" nous interpelle, avec ses références à Truman Capote, à Styron ou à Faulkner. Ne serait-ce que pour cela, Ellory est un auteur qu'il faut lire, et son premier livre alterne de vrais maladresses (les terribles flashforward-clichés dignes du premier livre d'un adolescent !) et une formidable inspiration (tout ce qui tourne autour des sensations très terriennes d'une vie simple dans l'Amérique rurale des années 40 et 50). Au final, il faut reconnaître que, s'il loupe largement sa conclusion "policière" (la résolution de l'énigme elle-même tombe tragiquement à plat, et on referme du coup le livre avec une certaine indifférence), Ellory réussit à nous hanter durablement avec une succession de chapitres douloureusement obsessionnels, au cours desquels il atteint la vraie profondeur qu'il recherche. Voici donc un auteur à suivre,... Même si c'est sans doute plus dans le domaine de la "littérature conventionnelle" que du polar !!! [Critique écrite en 2010]