Encore une belle découverte et un retour au polar avec "Seules les bêtes, de Colin Niel.
Dans la région du Causse, Evelyne Ducat, femme d'un notable de la région, a disparu. Le roman s'articule autour de 5 chapitres, chacun donnant la parole à un personnage différent, qui va tour à tour nous livrer un pan de l'histoire. Au final, c'est nous seul, lecteur, qui aurons toutes les cartes en main pour reconstituer l'intrigue dans son ensemble.
Seules les bêtes est un polar, mais l'enquête policière y tient finalement un rôle assez secondaire. Au fil des pages, c'est surtout la solitude qui s'impose comme thème central, à la fois cause et conséquence de toute cette affaire. Cinq chapitres, cinq personnages, cinq solitudes, cinq façons de remplir le vide. Dans leur quête quasi obsessionnelle de l'amour, chacun des personnages va commettre l'acte désespéré qui le liera aux autres de façon tragique.
Certains de ces liens, présentés comme des coïncidences, sont certes un peu "faciles", mais l'ensemble est si bien ficelé que ce petit défaut n'a en rien gâché ni mon plaisir ni ma surprise.
L'aspect "roman choral" est vraiment très bien maîtrisé. Les personnages, peut-être un peu caricaturaux parfois, n'en ont pas moins une réelle profondeur. Chacun prête sa voix à l'un des cinq chapitres, l'imprégnant de sa personnalité, de sa psychologie, et de sa façon de parler. Un mention spéciale au chapitre dédié à Armand, complètement déroutant au premier abord mais qui offre un éclairage original sur l'enquête... et sur le choix de la couverture, question qui m'a taraudée durant une bonne partie du livre!
Même si j'ai eu, dans un premier temps, un peu du mal à me couler dans la lenteur de ce roman rural, [Il faut dire que je venais de terminer La bouleversante confession..., écrit et lu à un rythme effréné...], cela devenait de plus en plus difficile de le lâcher au fur et à mesure que je voyais les différentes pièces du puzzle s'imbriquer pour me livrer la clé du mystère.
Plus qu'un roman policier, Seules les bêtes est une chronique sociale sur l'isolement et le manque d'amour, qui nous livre un point de vue noir et désabusé. Un très belle découverte qui nous emmène sur les hauts plateaux du Causse et bien au-delà.
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