Une fois plongé dans la lecture de Shiloh, il est difficile de croire que ce roman historique a été écrit en 1952. Aujourd'hui, on dit facilement du style d'un romancier qu'il est cinématographique, mais que dire de l'époustouflant plan-séquence proposé par Shelby Foote! L'historien-romancier, spécialiste de la Guerre de Sécession, narre la bataille qui donne le titre du roman dans son entièreté par le truchement de sept protagonistes des deux camps, officiers ou simple soldats de troupe, en 200 pages seulement! Un tour de force au dynamisme incroyable qui tranche clairement avec le rythme tranquille issu de la tradition sudiste, adopté par exemple dans un autre de ses romans: L'amour en saison sèche. Une douceur de vivre qui marque les premières lignes de Shiloh -le soleil chasse enfin la pluie, les hommes plaisantent - avant que les combats s'engagent dans la plus grande confusion, à l'image d'une guerre qui oppose des hommes que pas grande chose ne différencie (pas même les uniformes), commandés par des officiers ayant partagé les même bancs à West Point.
Un roman à hauteur d'homme qui se lit d'un souffle, mariage réussi entre rigueur historique (pas un bouton ne manque aux uniformes) et plaisir de lecture.