Si ça saigne est le onzième recueil de nouvelles- ou de novellas- de Stephen King.
J'aime beaucoup King, et j'ai toujours trouvé qu'il se montre souvent doué dans l'exercice du récit court; ou du moins plus court qu'il en a l'habitude. Non, parce qu'il faut admettre que certaines de ses novellas seraient publiées sans honte en tant que roman par pas mal d'auteurs.
Il y a souvent dans ses nouvelles une forme de concision qui change le "constant reader" de sa tendance à l'écriture de pavés, et lorsque quelqu'un me demande par quoi il doit commencer pour se faire une idée de l'auteur Stephen King, j'ai souvent tendance à l'orienter vers ses recueils de nouvelles, particulièrement Night Shift/Danse Macabre, Brume, Rêves et Cauchemars, Tout est fatal ou encore vers une nouvelle spécifique telle que: Le croquemitaine; Cours; Jimmy, Cours; Desintox inc; Les Enfants du mais (Danse Macabre); Brume; L'excursion; Le Goût de vivre; Le Radeau; Le Chenal; Machine divine à traitement de texte (Brume); Un Groupe d'enfer; Désolé, bon numéro; La Tribu des dix plombes; Crouch End (Rêves et Cauchemars); et bien sûr N.( Juste avant le crépuscule).
Donc, oui, j'aime beaucoup les nouvelles de King, et ce Si ça saigne ne fait pas exception.
Puisqu'on à ici affaire à quatre histoires différentes, l'appréciation globale que j'en ai est influencée par celle qui s'avère être la moins réussie du lot.
Je vais donc détailler sans spoiler ce que je pense de chaque histoire.
Le Téléphone de M. Harrigan
Une histoire d'amitié entre un jeune garçon de neuf ans et un vieil homme retraité des milieux financiers qui l'engage pour lui faire la lecture.
A partir de ces prémisses, King va nous pondre une histoire classique mais efficace comme il en a le secret. On y trouvera bien sûr les éléments d'une nouvelle fantastique, mais surtout un récit d'apprentissage intéressant et bien construit, et des personnages brossés avec le brio dont King est capable
Le téléphone de M Harrigan est une nouvelle très réussie et pour moi la seconde meilleure du recueil.
La Vie de Chuck
La meilleure nouvelle du recueil. Difficile d'en faire un résumé, mais ça parle entre autre de la vie, de la mort, des moments qui nous déterminent, des souvenirs, des relations qu'on tisse, et des mondes, de l'univers complet même, que chacun d'entre nous contient.
C'est une nouvelle profondément touchante et d'une justesse rare. Si vous ne deviez lire qu'une seule des nouvelles de ce recueil, ce serait celle-ci sans aucun doute possible..
Si ça saigne
La nouvelle titre et la plus ouvertement fantastique du roman. Elle conte une nouvelle chasse au monstre entreprise par le personnage d'Holly Gibney qu'on avait déjà rencontré dans Mr Mercedes, Carnets noirs, Fin de ronde, et L'Outsider. N'étant pas un très grand fan de Mr Mercedes ni d'Outsider (début très réussi, mais une fin qui l'est moins), cette nouvelle m'a fait le même effet que les romans précités: se lit sans déplaisir, mais n'offre rien de transcendant non plus.
En ce qui me concerne (et j'entends déjà certains crier au scandale) , la nouvelle la plus faible (et la plus longue) du recueil qui nous occupe. Si vous avez aimez la trilogie Hodges et Oustider, vous pourriez néanmoins l'apprécier plus que moi.
Rat
Un écrit de plus de Stephen King qui aborde sous ses dehors de conte fantastique un peu trop classique les difficultés et les angoisses afférentes au travail d'écriture de fiction.
Une bonne nouvelle dans l'ensemble qui souffre peut-être un peu d'un effet de déjà-vu chez King.
Dans l'ensemble, Si ça saigne est un recueil qui alterne les moments brillants (surtout avec La Vie de Chuck ou le Téléphone de M. Harrigan) et les moments moins passionnants, mais Stephen King nous propose encore une fois une lecture qui même dans ses moments les moins inspirés reste toujours agréable, grâce à sa voix si particulière qu'on aime tant retrouver régulièrement.
Quarante-sept années de lecture formidables. Merci Stephen!