Un passionnant récit post-apocalyptique !
J'ai découvert "Silo" de Hugh Howey totalement par hasard en fouinant dans les rayons d'une grande enseigne dont le nom commence par un F où, attiré par la quatrième de couverture, j'ai cédé à la petite voix qui me poussait à faire l'acquisition de l'ouvrage. Bon, en fait, j'avais un avoir à dépenser et le lendemain il n'aurait plus été valable. Grand bien m'en a fait, car même si je n'ai pas retrouvé dans le livre l'atmosphère à la Fallout à laquelle je m'attendais, j'ai été plus qu'agréablement surpris par l'univers proposé.
Dans un lointain futur, quelques milliers d'humains survivent depuis des générations au cœur d'un immense silo de 144 étages. Chaque habitant y consacre sa vie a une tâche bien précise (production de nourriture, nursery, mécanique, informatique...), les naissances sont régulées et l'ordre est maintenu grâce à la menace de la punition ultime : le nettoyage. Toute personne présentant une menace ou évoquant la possibilité d'une vie à l'extérieure est condamné à sortir du silo pour aller nettoyer les caméras qui permettent aux habitants de voir ce qu'il se passe à l'extérieur, une terre aride à l'air irrespirable balayée par des vents toxiques, à l'aide d'un morceau de laine (d'où le titre original "Wool"). Mystérieusement, tous les condamnés acceptent de se livrer au nettoyage des lentilles une fois à l'extérieur, vêtus d'une combinaison qui ne leur permet de survivre que quelques minutes. On ignore pourquoi tous ces gens se trouvent enfermés dans ce bunker géant depuis si longtemps et ce qui a ruiné l'atmosphère extérieure, mais chaque nouveau chapitre apporte son lot de révélations quant aux raisons de l'existence du silo et fait tomber les masques trompeurs des différents protagonistes qui peu à peu livrent leurs secrets.
Le récit est découpé en cinq grandes parties et l'on suit successivement différents personnages, ce qui donne naissance à un récit très vivant dans lequel la caméra se déplace beaucoup. Chacune de ces parties avait été à l'origine publiée de manière indépendante par l'auteur sous forme d'ebook, mais le tout demeure tout à fait cohérent et très fouillé. Le style est très bon, les personnages sont attachants et le rythme reste soutenu du début à la fin, ou presque.
Deux suites sont déjà sorties aux Etats-Unis, intitulées "Shift" (une préquelle racontant la naissance du silo (entre autres, mais je vais éviter de spoiler)) et "Dust" (suite directe de "Silo"/"Wool"). Je les commenterai si j'ai l'occasion de les lire, mais elles ont je crois déjà connu un grand succès outre-atlantique. Certains journalistes qualifient la trilogie de "New Hunger Games". Ayant lu les bouquins de Suzanne Collins, je ne suis pas tout à fait d'accord. Le premier tome de l'oeuvre de Hugh Howey est d'un tout autre acabit.
Pour ce qui est de l'édition française, le livre est très beau, quoiqu'étrangement lourd (il fait 560 pages, mais tout de même) et au papier légèrement transparent, ce qui ne m'a toutefois gêné qu'au tout début de la lecture. La traduction est irréprochable. "Silo" est censé être l'ouvrage de lancement de la collection "Exofictions" d'Actes Sud. Prometteuse donc.
En résumé, ce livre devrait ravir tous les amateurs de SF post-apo. Je lui mets 9 étoiles (carrément), mais pas 10, car j'ai trouvé que la tension retombait un peu dans les cent dernières pages (450 auraient suffi) et parce que j'ai trouvé peu crédible que l'on puisse conserver du matériel informatique (en particulier des caméras numériques) intact aussi longtemps. Au début du livre, l'un des personnages remarque que quelques pixels ont grillé ici et là sur les images de l'extérieur et craint qu'un jour on n'y voit plus rien. Mais bon, à sa place je ne m'inquiéterais pas trop étant donné que le matos tient le coup depuis des siècles... Hormis ce petit couac, un très grand roman de mon point de vue.
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