Coup de foudre pour cette fable post-apocalyptique

J’aime ma médiathèque. Déjà parce que son existence me permet de me goinfrer de lectures avec un budget plus que limité. Ensuite parce que les bibliothécaires de ma ville signalent leurs favoris avec un cœur sur la tranche. De quoi me permettre de dénicher de bonnes surprises… ou pas.


  À la première « époque » de ce lieu, j’avais une prédilection pour les romans jeunesse puis je me suis lassée. Le dernier roman du genre que j’ai lu et chroniqué, c’est Brune qui m’avait grandement déçue. Voilà pourquoi, sans ma médiathèque, je n’aurais sans doute jamais ouvert Sirius, son résumé me rappelant un peu trop le bouquin cité plus haut...
Pourchassés, il leur faut maintenant survivre dans cet univers livré au chaos et à la sauvagerie. Mais sur leur chemin, une rencontre va tout bouleverser : Sirius.
Un monde post-apocalyptique, encore… Une héroïne qui protège un enfant, encore… Je me suis dit : bon, je l’ai emprunté pour trois semaines, je peux toujours tenter le coup.

J’ai tenté et j’ai adoré.


  Puis je me suis demandé comment j’étais passée à côté de Stéphane Servant. Carrément. Envers qui je suis reconnaissante ami-lecteur, vraiment reconnaissante… Laisse-moi t’expliquer pourquoi.
Comme tout le monde, j’ai parfois des périodes difficiles. Des mois où je deviens une équilibriste, concentrée à tout moment sur mes pieds. Un faux pas et il me semble alors que je sombrerais. Dans ces moments là, la lecture devient compliquée. Oui, cette passion si importante devient laborieuse et je n’ai plus goût à l’aventure livresque. Au mieux, je me plonge dans quelques livres doudou et je m’aventure de nouveau dans les couloirs de Poudlard ou je fais un bout de chemin avec la famille Bridgerton. Bref, je me contente de relire. Quand je vais un peu mieux, je reste tout de même frileuse et me plonger dans un univers inconnu me demande beaucoup d’énergie. Le plus souvent, il me faut plusieurs tentatives avant de retrouver mon plaisir. Sauf là. Grâce à Sirius.
Je crois que c’était le meilleur moment pour rencontrer Avril et Kid, les personnages du roman. Certains ont reproché au second, le petit garçon, son côté agaçant. Qu’il ne soit pas sage, qu’il soit inconscient, qu’il soit turbulent. Bref, qu’il soit un enfant. C’est pourtant ce que j’ai préféré dans le roman de monsieur Servant. Ses personnages ne sont pas parfaits. Avril ment, Avril cache son passé, Avril porte le poids d’une énorme culpabilité. De plus *Sirius* est un mélange étonnant : fable écologique, conte merveilleux, road-trip post-apocalyptique… Je me suis laissée emporter par l’univers du roman, sans vraiment réfléchir, sans vraiment me poser de question.
Certes, l’ouvrage de Stéphane Servant ne révolutionne pas la littérature pour adolescent – à partir de 15 ans selon moi- mais qu’importe : il sait raconter les histoires. On pourrait trouver cela un peu naïf, ce monde où la puissance de la Nature est la seul force encore raisonnable, mais tant pis. Ce qui compte dans Sirius, ce qui touche, c’est la peinture de l’humanité. La tentation de la folie religieuse face à l’ignorance et à la mort, la violence, la beauté aussi, nichée même sous les cendres...
La morale un brin simpliste ne m’a pas gênée parce que la plume de Stéphane Servant est assez tendre et incisive pour ne pas tomber dans la bêtise. Tous ceux que croisent Avril et Kid ont une histoire qui nous interpelle et en demi-teinte. Pas un seul des personnages de Servant est lisse. La présence de telles aspérités au sein d’une fable écologique permet de maintenir l’équilibre.
Bref Sirius est un coup de cœur qui m’a redonné l’envie de m’aventurer de nouveau, de ne pas me reposer sur les univers que je connais déjà. Une lecture qui me montre, encore une fois, que la littérature est précieuse.
CulturoVoraces
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le 6 mai 2021

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