Incontournable Mai 2024



Comment dire...ce n'est pas de l'Épouvante...mais presque, je dirais. Il y a une atmosphère angoissante dans ce roman et le final est définitivement horrible. Il a y un frisson léger comme la brise dans cette histoire, une aura étrange que tout ça va mal finir. Alors, certes, on parle de dentelle, ne faites pas l'erreur de penser que ce sera pour sa dimension coquette. Ce serait plutôt pour parler de la vanité lié au pouvoir et de ce que certains gens sont prêts à faire pour l'obtenir...ou la retrouver.



Les choses se sont précipités pour la petite Lise, qui ne le sait pas encore, mais qui se trouve au coeur d'un projet aussi complexe et minutieusement élaborée que cette dentelle qu'elle va apprendre à tisser. Car c'est bien la particularité de l'orphelinat où elle fut envoyée: On y apprend l'art du point d'Argentan, dont l'exécution se fait à l'aiguille. Si elle s'y est retrouvée, c'est bien qu'elle est considérée sans parents depuis peu. Elle pleure le trépas de sa mère, ayant donné la vie à son petit frère Thomas sans pouvoir conserver la sienne. Son père, éternel voyageur en quête de projets grandioses, ne donne plus signe de vie. de cet homme lui restent les bouts de papiers truffés de références aux mythes, à la Bible ou à quelques philosophie existentielle, gardés dans une boite. Quand à son frère ainé, il est retourné aux études. Les deux enfants projettent d'un jour devenir les tuteurs de leur benjamin. Lise commence à peine sa nouvelle vie qu'un évènement vient bousculer le quotidien des petites dentellières: Une commande, passé par quelque riche personne, qui exige une robe en dentelle selon un modèle complexe et ce, réalisé avec un étrange fil gris. Un second évènement perturbe quand à lui la vie de Lise: Une riche comtesse vient d'adopter Thomas, son petit frère. Enfin, dans l'ombre, de petites araignées s'envoient des messages très concis. Nous ne le voyons pas encore, mais tout est lié. Mais pour mener à quel funeste résultat?




Il y a trois narrations dans le roman, d'une certaine façon. Celle tenue par Lise, le fil conducteur principal. En parallèle de part et d'autre, il y a celle des petits bouts de papier du papa de Lise, qui arrivent toujours au moment où la narration de Lise traite du sujet. Ils ont toujours une pertinence relative aux dernières phrases du chapitre qu'ils suivent. Et il y a celle des araignées, dont on voit justement des illustrations d'araignées. Ce ne sont que de courts messages, un peu comme des télégrammes. C'est en raison de ces messages qu'on sait qu'un complot se trame quelque part, mais à savoir si elles agissent contre, pour ou de manière neutre envers Lise, ça ce n'est pas clair avant un petit moment. Les plus poétiques diraient que la narration évoque la dentelle: Avec tous ces messages ramifiées au fil conducteur, ça donne en effet cette impression.



Il y a quelque chose de si candide et doux dans la façon d'être de Lise, qui se retrouve dans la narration à la troisième personne. Ce n'est pas un décor sombre ou inquiétant, ce sont les éléments douteux qui s'accumulent et les zones d,Ombre dans les évènements qui donne le côté mystérieux à L Histoire. Pourquoi l'adoption de Thomas par une femme en apparence associable? Pourquoi une robe de mariée en dentelle au fil étrangement gris et terminée en moins de deux mois spécifiquement? Pourquoi les petits messages semblent concorder avec des évènements, presque comme des mises en garde? Et qu'est-ce que les araignées semblent attendre comme ça?



Le personnage d'Alexandre, grand frère de Lise, et Margot, petite canaille attachante de l'orphelinat, deviennent les allier de Lise dans ce mystère, dont le centre est l'adoption de Thomas.



Je trouve ce roman propose quelque chose de "frontière" entre les codes du roman d'horreur et ceux de l'investigation. Il y a quelque chose de confrontant à côtoyer la douceur et l'horreur en une seule histoire, car, n'en doutez pas, c'est bien un scénario horrifiant qui nous attend à la fin. Pas le plus angoissant pour l'adulte habituée des romans d'horreur que je suis, mais assez pour mettre mal à l'aise. Surtout quand on réalise pour quelle bagatelle tout cela est destiné, en contrepartie de tout le mal que cela a nécessité. Mais comme nous sommes bercés par le quotidien d'une jeune fille gentille dans un monde de dentelle et de petits messages étonnants, la fin ne se devinait pas d'emblée.



C'est un roman relativement rapide à lire, car il n'est pas alourdi par les descriptions et sa police est plus grosse que la norme, malgré un format de roman un peu plus petit que la norme. Un avantage pour les lecteurs et lectrices qui aiment que les choses bougent rapidement. Comme la plume est efficace, ça ne présente pas le défaut de ne pas en dire assez, mais je note que l'atmosphère angoissante aurait pu être plus perceptible si on avait mit un peu plus d'accent sur les descriptions de lieux.



Attention, il y aura des divulgâches.



Il subsiste par contre une certaine interrogation de ma part quand au moment choisi par les araignées pour agir à la fin. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour agir? Pourquoi, au nombre qu'elles sont, ne pas avoir investi le château? Il y aurait eu place à un peu d'explications pour ce choix de moment. Et surtout, on ne sait pas si les araignées ont libérés leurs sœurs...ce n'était pas là le but de la mission des araignées, en plus de se venger.



Enfin, le livre dans lequel était consigné les informations du rituel supposé conférer la jeunesse éternelle à la comtesse était le point le plus bâclé: Voyons, un livre de cette importance posé de manière désinvolte dans une pièce à même le sol? C'est le genre de livre qui, quand il a ce degré d'importance, est soit verrouillé quelque part , soit traiter avec égards, comme posé sur un lutrin. Et c'est quand même une sacrée chance pour nos deux orphelins d'avoir choisi de mettre la mains sur l'objet le plus important: Ni plus ni moins l'objet incriminant qui a aussi l'heur d'être une possession de leur père.



C'était un bon roman, suffisamment captivant pour s'y plonger facilement, sur un thème tout-de-même rare que celui de la dentellerie, où les toiles des araignées ne font pas frémir, pour une fois. Je dirais même que dans cette histoire, elles sont les victimes d'une réelle créature effrayante: La femme vaniteuse qui n'a de respect que pour elle-même. Il aurait peut-être pu être plus travaillé sur certains détails, mais je pense que mes amateurs et amatrices de 9 ans et plus de romans frissonnants apprécieront. Peut-être même les lecteurs et lectrices de ce groupe d'âge qui craignent les histoires de sang et de créatures surnaturelles, mais veulent s'initier au genre. Je suis curieuse de voir quel accueil il va recevoir en librairie.



Pour un lectorat intermédiaire du 3e cycle primaire, 10-12 ans+ ** Je pense que les 8 ans précoces en lecture et les 9 ans, ( donc le 2e cycle primaire), pourraient aussi s'y plaire.

Shaynning

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