Soleil de nuit
6.8
Soleil de nuit

livre de Jo Nesbø (2015)

Chasse à l’homme au fin fond de la Norvège

Une chasse à l’homme à l’extrême nord de la Norvège ne parvient pas à se hisser au même niveau que les meilleurs polars de Jo Nesbø.


Jon Hansen n’a pas une vie facile. Sa compagne vient de le quitter et il apprend que leur fille a une leucémie que seul le traitement d’une clinique allemande pourrait sauver. Sans emploi, ce n’est pourtant pas en dealant du shit dans les parcs d’Oslo que Jon va récolter la somme nécessaire. Et s’il acceptait de devenir l’homme de main d’un puissant trafiquant de la capitale de la Norvège, le Pêcheur ? Les mauvais choix effectués conduisent notre héros à se réfugier dans un village de pêcheurs du Finnmark, à l’extrême nord du pays, alors que les hommes du Pêcheur sont à sa poursuite.


Le roman s’ouvre par l’arrivée du héros en territoire inconnu, une terre aride et hostile : « Le paysage, qui de loin avait paru si monotone, changeait sans cesse, passait d’une terre moelleuse et ondoyante, couverte de bruyère verte et brique, à un paysage lunaire rocheux, balafré, et soudain – à la lumière du soleil qui, disque rouge tirant sur le jaune, avait fait une demi-rotation autour de moi depuis mon arrivée – le paysage parut irradier, comme si de la lave s’écoulait sur les pentes douces des collines ». Jo Nesbø prend un grand plaisir à décrire des paysages lunaires où la vie est difficile, rythmée par une tradition religieuse ancestrale imposant de nombreux tabous sous peine de brûler en enfer. La galerie de personnage, comme souvent chez Nesbø, est bien campée : on y croise une mère et son fils, tout juste abandonnés par un père violent, un homme de main peu commode chargé de retrouver Jon Hansen, une villageoise en quête de plaisirs charnels mais désirant l’amour, etc.


Malheureusement, Soleil de nuit n’est pas un roman inoubliable comme certains Jo Nesbø (La Soif, Le Bonhomme de neige…) et il serait sûrement passé inaperçu s’il avait été publié sous un autre nom d’auteur. La lecture du roman n’est pas pour autant déplaisante, d’autant qu’il fait un peu plus de 200 pages, puisqu’elle nous convie à un monde reculé et à des personnages attachants, mais elle n’est pas non plus addictive, comme on serait en droit de l’attendre pour un thriller.


« Parfois, nous voyions la mer, ailleurs la route passait entre des collines et des rochers bas. Il manquait à ce paysage le spectaculaire saisissant des Lofoten ou la beauté du Vestlandet, mais il avait autre chose. Un vide muet, une absence de clémence taciturne, même la verdure estivale promettait des temps plus durs, plus froids, qui vous épuiseraient et finiraient par vaincre. Nous rencontrâmes à peine une voiture et ne vîmes ni humains ni animaux. Ça et là, une maison ou un chalet généraient la question « pourquoi ». Pourquoi ici précisément ? »

JulienCoquet
5
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le 3 mai 2021

Critique lue 57 fois

Julien Coquet

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