D'accord, là ça cause, là on n'est pas dans du peplum "by Kate Quinn" où vous trouvez une note de bas de page pour vous expliquer ce qu'est une toge. Là, on a du niveau, du vrai, avec une documentation étayée par une vraie érudition et un travail d'historien, et non par deux clics sur Wikipédia. Et là, on a aussi du niveau côté romancier, avec un vrai style, un vrai vocabulaire et des évocations précises des civilisations (gallo-)romaines. Avec "Soleils barbares" de Norbert Rouland, on chemine dans les sphères d'Henryk Sienkiewicz et de Lewis Wallace, là, on y est pour de bon dans l'Empire Romain déclinant ; et lorsque l'auteur renvoie son lecteur à des notes (enrichissantes et documentées), elles sont en fin de volume, réunies dans un cahier de trente pages où sont cités Aristote, Juvénal, Ovide, Pétrone et leurs petits copains. Bref, là, on est dans du vrai roman historique et ça fait du bien !
Fin du Vème siècle, alors que les peuples barbares ont fait vaciller Rome sur ses bases de plus en plus affaiblies, nous suivons les destinées, au Nord, en Aquitaine, à Tolosa (actuelle Toulouse), de Marcus, propriétaire gallo-romain qui s’accommode tant bien que mal de l'occupation wisigothique, et reste méfiant vis-à-vis des Chrétiens, ariens ou catholiques ; et au Sud, à Carthage, dans l'actuelle Libye envahie et occupée par les Vandales, celle de Fusca, la jeune et belle Éthiopienne à la peau d'ébène, amatrice d'horoscopes et de courses de chevaux.
Avec une verve savoureuse aux descriptions précises et dépaysantes, l'auteur nous entraîne dans une formidable épopée aventureuse à l'époque charnière de la chute de l'Empire Romain d'Occident qui ouvre la voie au Haut Moyen-Age mérovingien. Une époque obscure et violente peu traitée en littérature et qu'il parvient pourtant à rendre aussi vivante que palpitante. Luttes politiques, conciles et persécutions religieuses, traversée du Sahara, épidémies et superstitions, et j'en passe, la narration est dense. Je ressors de cette lecture avec de nouvelles connaissances aussi fiables que passionnantes. Moi qui désespérais de retrouver un romancier capable de m'intéresser à nouveau à l'Antiquité, je suis pleinement récompensée de ma persévérance.
Un roman somptueux et violent.