Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Je dois avouer que ce 29e tome ( qui n'est pas mon 29e lu) était en dessous des autres, à mon avis. J'avais particulièrement aimé la séquence entre le 16 et le 19e tome, quand Agatha a commencé officiellement sa carrière de limière, alors que les romans décentraient un peu de leur côté "sentimental compliqué" [ Quoique le "sentimental" par définition est toujours compliqué pour rien, bref!].
Donc, nous nous retrouvons dans un énième petit patelin anglais où la bisbille sociale est caractérisé par les tares qu'on commence à bien connaitre avec M.C Beaton: des campagnards revanchards, des vieilles filles timbrées, des religieux verreux et quelques atypiques pas très sympathiques ou le sexe et l'argent font Loi de tout. La routine quoi! Cette fois, c'est un groupe de carillonneurs à la dynamique malsaine qui vont recevoir un évêque dont l'apparence trop séduisante laisse présager encore plus de conflits. Deux vieilles filles plus ou moins fortunées, mais héritières d'une famille vaguement aristocrate tentent de mettre le grappin dessus, mais l'évêque sème le trouble parmi les nombreuses potentielles épouses, qu'il souhaite riches, comprend-on. Puis, alors que les embrouilles vont bon train, un policier est assassiné. Agatha, qui a déjà vu de près la bande de carillonneurs ( et leurs emmerdes) est mandaté par l'un d'eux, Julian, pour enquêter sur l'évêque, qui trainerait quelque trucs louches, dont une ex-fiancée évaporée dans la nature. À tout ce tintamarre s'ajoute un James Lacey nouvellement marié, un Charles plus ambivalent que jamais, une riche dame qui sent le poisson mort, une jumelle insupportable assassinée, un doyen brutal ultra-suspect et un peu trop collant sur son évêque, un journaliste adultère et son épouse guère mieux, une Toni toujours efficace ( encore heureux) et un peu trop de mariages rapides pour que ce soit crédible.
Bref: un sacré casse-tête! Honnêtement, et ce combiné aux multiples angles peu fluides, aux nombreux nouveaux personnages et aux dialogues peu encadrés d'explication de contexte, ce fut laborieux. Il n'y a pas que les nombreux mariages rapides qui étaient peu crédible, Agatha elle-même semblait formidablement peu efficace. Certaines de ses décisions étaient suicidaires, d'autres illogiques, certaines carrément désespérés. La valse des quiproquo et des allusions donnait mal à la tête et cet évêque louche était une vraie girouette. Un vrai bazar de menaces, de ouïe dires et de noces intéressées meublé de bondage sorti de nul part, d'un resto grec abominable et de beaux mâles débiles à foison. Et une incroyable course à l'argent facile. On aurait du appeler ce tome "Le club des héritiers affamés".
J'ai trouvé qu'Agatha faisait un trio intéressant avec James ( moins couillon que d'habitude) et Charles ( plus humain que jamais) dans une perceptive neutre, et non de triangle amoureux. Ensembles, ils réfléchissent bien. Mais ils ont aussi le même défaut majeur: ils sont incapable de fonctionner en couple.
Est-ce que je suis la seule personne à réaliser qu'Agatha est sans aucun doute la plus financièrement lucide de tous ces personnages avares, cupides et mauvais gestionnaires? Elle a su tout-de-suite trouver des pistes de solution pour aider Charles à sortir de son gouffre financier, mais ce benêt n'a même pas constater à quel point c'est une qualité qui lui fait défaut. Et à quel point, finalement, Agatha ferait une conjointe idéale: c,est la seule qui ne tente pas de le changer ( même si ça ne lui ferait pas de tort), elle a toujours des sujets intéressants, ils sont même compatibles au lit! Sauf que: Charles a peur de l'engagement et Agatha est dépendante affective, et l'un et l'autre, franchement, évolue très peu sur ces enjeux. Heureusement que le personnage de Toni existe, c'est la seule personne censé du roman, avec madame Bloxby.
Il y a aussi un nombre hallucinant de circonstances facilités typiques de mauvais polars dans ce tome. Je conçois que les Agatha Raisin sont des "polar tranquilles" saupoudré d'humour caustique et d'une cuillère de parodie sociale, mais quand même, ce tome là pousse l’invraisemblable vraiment loin! Je ne les nommerai pas au risque de divulgâcher, mais cette fois, notre détective aura eu besoin d'une chance pas seulement isolante, mais foutrement prodigieuse!
Au final, certains des personnages les plus odieux n'auront pas eu de juste retours d'ascenseur et s'en sont sortis en toute impunité. D'autres auront été frappé de la maladie mentale en justificatif de leurs crimes. Tout ce remue-ménage et ces cadavres pour peu de résultats, en somme.
Ce n'est pas le roman de la série que j'aurai apprécié le plus, malgré quelques répliques vraiment drôles, une Agatha déjantée comme à son habitude et des personnages bizarres comme à l’accoutumé. Le genre qu'on lit pour faire une pause de cerveau, sauf si ça donne encore plus de maux de têtes.
Ah, et est-ce que quelqu'un a comprit ce qu'elle avait cette dame qui avait un relent corporel pestilentiel de poisson mort, finalement?
Pour un lectorat adulte.
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Créée
le 9 avr. 2022
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