Apocralypse* Now.
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le 24 oct. 2014
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Il faut être un fondu de fantasy pour apprécier en lire jusqu'à sa parodie. Ricaner d'un genre qu'on aime tant. Tourner en dérision des figures et des lieux archétypaux que l'on désirerait à l'abri de toute caricature. Pratchett, avec son élégance et sa verve, son humour et sa connaissance du sujet nous oblige au recul esthétique, à l'adhésion moqueuse et parvient même parfois à nous arracher un sourire.
Sourcellerie est avant-tout une histoire de mages, des besogneux pour qui tout est difficulté et de celui qui possède le don naturellement, qui n'a qu'à claquer des doigts pour enchanter. Métaphore du métier d'écrivain ou projection de la dure réalité du monde politique. Rivalité générationnelle, du jeune omniscient qui vient contester le vieux savoir conquis au labeur des années. La furie adolescente qui se voyant affublée d'un trop grand pouvoir ne résiste pas au changement par la destruction.
Et puis il y a notre bon vieux Rincevent, le retour du bagage, Conina la jolie barbare, Nijel l'apprenti-Barbare ; tout ce petit monde à la recherche d'un chapeau jusque dans des endroits semblables à l'Arabie. Cette quête au canevas des plus classiques est l'occasion de mettre en scène tous ces personnages hauts en couleur et de se réjouir de leurs interactions.
Si le mot sourcellerie désigne tout autre chose dans notre langue (ensemble des moyens que certains prétendent détenir afin de déceler des sources souterraines, mais aussi des mines et des trésors cachés), ici elle est une affliction miraculeuse, elle est la magie ultime qui coule dans les veines des huitièmes fils de huitième fils de huitième fils.
Pour conclure, ce cinquième tome des annales du disque-monde est moins bon que ses prédécesseurs (citons Mortimer et La huitième fille) mais reste d'une grande qualité narrative et l'humour anglais omniprésent de Pratchett fait quelque fois mouche.
Entre Tolkien et Pratchett, il n'y a qu'un pas zygomatique à franchir, une évolution débridée et goguenarde du genre à admettre mais au final le maître est toujours anglais.
Samuel d'Halescourt
Créée
le 23 mars 2021
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