L'idée de départ est brillante : faire résonner les bruits de la fête avec les bruits de la guerre. Comment l'un peut dissimuler l'autre. La période historique choisie est extrêmement riche et propice au développement de cette idée : L'Ancien et le Nouveau Monde se toisent et s'affrontent, comme si l'un ne pouvait exister tant que perdurera l'autre.
Le récit croisé entre le Mexique et Cherbourg, de Charlotte et Maximilien de Habsbourg à Théodore Coupet,-journaliste raté à La Vie française- aurait pu en faire un très bon roman : le fil rouge de la fête court tout le long du récit, le lecteur suit les divers héros de feux d'artifice en feux d'artifice. Et pourtant...
Et pourtant, l'on ne peut refermer ce livre sans l'arrière-goût amer de l'inachevé. L'autrice n'a traité aucun des thèmes suggérés en profondeur : la crise du coton, les maisons de jeux, le déclin de l'aristocratie européenne, le trône de papier au Mexique, l'esclavage, la guerre de Sécession... Tout est survolé...
Inachevés également sont ses personnages,-caricaturaux- entre le journaliste mondain se rêvant reporter de guerre et l'aristocrate ruinée. Zélie, la petite fileuse de coton au chômage aurait pu être intéressante, mais elle n'est qu'un personnage secondaire et finit par s'évanouir complètement.
Inachevé encore le récit des Hasbourg et leur royaume de carton à feu et à sang. Leur histoire, bien plus intéressante et mieux traitée-le personnage de Charlotte est plus approfondie et semble bien documenté- est passée au second plan et ne constitue que quelques chapitres du roman. Comme dans les tragédies classiques, leur drame à eux semble se passer en coulisse et la partie la plus intéressante est relatée rapidement dans l'épilogue.
Inachevé enfin cet épilogue qui ne propose pas de dénouement à chacune des intrigues du récit et laisse le lecteur sur sa faim.
Si ce n'est pas un excellent roman, il n'en demeure pas moins agréable, le style est plutôt bon, et le récit est une bonne introduction à cette période historique.