Ce roman appartient à un genre que je lis assez peu, mais comme on me l'a recommandé et que je travaille dans le monde du livre, je me suis mise sur son cas. Ce roman, qui a vraiment l'une des pires couvertures que j'ai vue, est un Chick-Lit québecois et en tant que tel, traite essentiellement d'histoires de coeur, de petits drames quotidiens, où l'alcool coule à flot et où le langage parfois vulgaire côtoie l'humour caustique. S'il y a quelques passages attendrissants, quelques passages amusants qui m'ont fait rire, dans l'ensemble, c'est prévisible et légèrement déjanté. Amusant de constater que les personnages de Chick-lit vivent autant de situations loufoque, souvent causé par une certaine maladresse, qu'elle soit kinesthésique ou verbale, sans parler des beuveries innombrables, des nombreuses baises ( sans détails, merci bien!) et du fait que ces personnages semblent ne pas avoir de travail. Ou du moins, s'ils en ont un, ils ont beaucoup de temps libre et pas trop de préoccupations.
Chloé, protagoniste de ce roman, ressemble donc beaucoup au peu de Chick-Lit que j'ai lu: fêtarde, extravertie mais timide, aimant les livres et les chats, sensible parfois un peu trop, craint beaucoup le jugement des autres, pratique la baise sans engagements, a une naïveté relative et bien sur, est jolie. le personnage typique de ce genre de roman et c'est un peu embêtant, car ça ne laisse pas place à une grande variété de personnalités autre que celui-là. C'est un peu comme en Jeune Adulte, avec la typique "jeune-fille-spéciale-ambivalente-amoureuse-je-ne-sais-pas-que-je-suis-jolie". Ça manque de diversité.
Néanmoins, bien que peu marquée par le sempiternel archétype de la jeune femme libéré-mais-au-fond-pas-tant-que-ça qu'est Chloé, j'ai beaucoup aimé la présence de Marcus, drag-queen jamaïquain sensible, drôle, gay et empathique. le cliché type du drag-queen, mais tout de même, un personnage attachant qu'on se plait à imaginer.
Et Antoine. Ah, Antoine, l'archétype du beau brunet désinvolte qui ne s'attache à personne sauf à la protagoniste sans le savoir. À moins d'aimer ce genre de personnage masculin, ce qui n'est pas mon cas, Antoine est vraiment ennuyeux. Sans doute parce que des comme lui, il en pleut dans les histoires où le personnage principal est une fille, que ce soit en Jeunesse ou en Adulte. le gars mystérieux qui ne s'attache pas, le gars si beau qui joue les distants, mais qui séduit tout ce qui bouge et qui, accessoirement, ne semble pas avoir de vie autre que de courir les filles et les bonnes bouteilles ( donc une job pas claire en background, pas de hobbies, pas d'amis). Un Casanova, quoi.
En fait, je trouve les personnages secondaires plus humains, mieux réussis que les deux principaux, beaucoup trop déjà-lus/déjà-vus.
D'un point de vue de la forme, ça se lit bien, je ne dit pas le contraire, mais ce sont les mêmes choses que j'ai vu en Chick-Lit: des soirées arrosées entre amis plus ou moins matures, des sorties dans des bars, des partys de famille et toutes les humiliations subséquentes, les bitcheries entres ami(e)s, les complications amoureuses, les crises de la trentaine ( ben oui, ça existe), l'existentialisme amoureux, une petite dose de philosophie parentale et de psycho-pop bon marché, avec en prime quelques considérations intergénérationnelles.
Il y a un passage qui est assez "humain" et c'est celui sur la fausse-couche. On retrouve alors les deux soeurs qui se vide le coeur et se confie l'une à l'autre. Un petit moment touchant.
Le propre de ce genre de littérature semble être son côté "mondanités de classe-moyenne" avec des personnages féminins plus audacieuses que le commun des mortelles, sensibles et romantiques au demeurant, mais le problème est qu'il faut faire partie de cette catégorie de filles justement mondaines pour se reconnaitre. Donc, si ce peut être "amusant", à mes yeux, c'est surtout immature et compliqué pour pas grand chose. L'humour est ce qui permet de passer un bon moment, selon moi, car ce roman ne m'aura guère mené plus loin.
Il y a beaucoup de "sacres" et en ma qualité de québecoise, je tiens à dire que ce n'est pas généralisé comme le suggèrent ce roman.
Du point de vue de l'histoire, dans me répéter sur ce qui se passe ( beuveries, sorties, soirées, etc) j'ajoute que c'est un scénario "très commode", dans lequel Chloé retrouve le garçon de ses rêves d'adolescente, découvre que son ancien Fuck Friend et meilleur ami ne l'a peut-être pas "friendzoné" comme il le suggère et bingo! Nous avons un autre triangle amoureux. Au fond, plus je découvre la Chick-Lit, plus j'ai l'impression que c'est un mélange de fantasmes, de nostalgie et d'Harlequin modernisé. Non pas que c'est mauvais, mais c'est un genre en soi qui s'adresse à un public en particulier dont je pense ne pas faire partie.
Cependant, voici ses points forts de la Chick-Lit québecoise: écriture simple, axé sur le plaisir et les émotions, qui traite de sujets actuels propres au Québec, dans un langage familier, sans grandes figures de styles, sur des personnages qui ont un peu trop de temps libre. Pas de prises de tête, pas de prose,beaucoup de crêpage de chignon et angoisses existentielles.
Et une fin super prévisible.
Ah, mais au moins Marcus m'aura fait beaucoup rire.

Shaynning
5
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le 25 nov. 2020

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