Star Wars est un univers qui fonctionne particulièrement bien car il respecte les codes de la narration classique, avec ses notions de héros, de quête, d'amour, de pouvoir, de trahison. La tragédie est un art qui a traversé les millénaires et se développe encore, c'est donc que ses ressorts demeurent intacts.
Dans cette trilogie, les éléments s'imbriquent peu à peu pour générer une tragédie digne de celles de l'antiquité. Le héros frustré va chercher et trouver un mentor compréhensif, quitte à renier ses valeurs. L'amour mis en péril est d'autant plus poignant dans sa chute qu'il est intense. L'amitié trahie possède un intense pouvoir d'identification qui parlera à chacun.
Là où le film, tout à fait réussi à mon goût, fait frisonner le spectateur, le roman éponyme, avec son infinité de subtilités narratives, captive tout autant le lecteur. Si l'on excepte quelques passages où l'auteur tente de nous introduire dans les pensées secrètes de certains protagonistes, et pas de la façon la plus heureuse, le roman est globalement un régal où la tension, à l'instar du film, va crescendo.
Avec quelle rouerie le chancelier Palpatine manipule les sentiments d'Anakin pour le mener à ses fins ! Avec quelle intensité l'amour qui unit Anakin à Padmé recèle en son sein les germes de la destruction ! Avec quelle constance l'amitié immense d'Obi-Wan pour son ancien padawan sera le bandeau qui aveuglera le maître, pourtant sage, devant les errements de son protégé ! Avec quelle efficacité les noires nuées du côté obscur maintiendront jusqu'au dernier moment les plus grands esprits jedi, Yoda compris, dans la cécité ! Avec quelle puissance la chenille jedi se verra muée en papillon de jais qui va semer la mort sans discrimination sur les ailes du Mal !
Un roman qui, en dépit de la connaissance que l'on peut avoir de l'histoire et de ses soubresauts, demeure puissant tant les ressorts qui l'animent sont efficaces ! Une conclusion dramatiquement fascinante...