Fan de récits post-apocalyptiques au cinéma, il est rare que je fasse incursion dans ce genre en littérature. C'est pourtant ce dont il est question dans Station Eleven, et force est de constater que ce roman ferait un excellent film ! Cet ouvrage nous propose une plongée en apnée dans un monde décimé à 99% par une virulente pandémie gripalle, un monde où tout le confort moderne – électricité, internet, communications téléphoniques, climatisation, chauffage, etc. – a disparu, un monde où les rares survivants se retrouvent livrés à eux-mêmes ; un monde revenu quasiment à la préhistoire, en somme ! Dans ce nouveau monde, une troupe itinérante s'est donné pour mission de préserver l'espoir en jouant aux survivants croisés sur leur chemin des pièces de Shakespeare et des morceaux de Beethoven afin que l'art subsiste au côté du souvenir.
Pour son quatrième roman, l'auteure canadienne nous propose donc un roman post-apocalyptique, mais surtout un roman parfaitement maîtrisé. Au gré de nombreux allers-retours temporels dans la narration, elle entrelace sur plusieurs décennies le destin de personnages forts et attachants, dressant au passage un portrait puissant et émotionnel de la condition humaine. Une des forces de ce roman est à mon sens la faculté de l'auteure à avoir imaginé d'une manière très réaliste ce monde qui se reconstruit après l'apocalypse : les choses pourraient parfaitement se dérouler de la sorte si un tel événement funeste venait à survenir dans notre réalité.
Un roman noir mais qui se termine sur une formidable pulsion de vie : l'instinct de survie de l'Homme est plus fort que tout !