Kirsten est une jeune actrice de théâtre. A 5 ans, elle jouait dans la pièce "Le roi Lear". Elle était là quand le renommé "Arthur Sanders" est mort sur scène. A 25 ans, elle déclame encore du Shakespeare au sein d'une troupe itinérante. On peut lire sur son tatouage "Survivre ne suffit pas". Elle a 3 couteaux arrimés à sa ceinture.
Entre temps, en l'an zéro, une épidémie de grippe à décimé la majeure partie de la population mondiale. Parmi les survivants, nombreux sont ceux qui, poussés par la faim, ont errés sur les routes. Ils ont grappillé ce qui pouvait l'être dans un monde sans repère où la méfiance maintient en vie.
Le récit se passe en l'an 15. Kirsten a survécu quand Arthur et tant d'autres sont morts. Elle a choisi l'art comme étendard au sein de sa troupe itinérante. Avec leurs représentations, ils offrent quelques heures de répit, de beauté volée au temps, insufflant l'espoir d'une vie meilleure.
La vie d'avant lui paraît floue, les souvenirs de l'électricité, la climatisation, les frigidaires, Internet, téléphone ...sont peu nombreux. Son port d'attache consiste en une vieille bande dessinée d'anticipation peu connue, "Station eleven" .
La vie d'avant, on la retrouve dans les nombreux flash-back avec Arthur Sanders comme point névralgique. On le suit et à travers lui on découvre les vies de ceux qui l'ont côtoyés : épouses, amis, paparazzi.
Emily St John Mandel nous offre une vision réaliste de ce qui pourrait arriver en cas d'apocalypse. Alternant avec cohérence les personnages et les époques, elle nous propose une vision systémique des évènements. C'est passionnant et terrifiant à la fois. Les scènes d'errance juste après l'épidémie sont saisissantes de réalisme. J'ai apprécié qu'elle prolonge son histoire en l'an 15 ans. Ainsi le roman ne se limite pas à un récit de survie plein de suspens, il interroge notre humanité en imaginant un autre exemple de civilisation possible .