Qu'est-ce qu'exactement que le steampunk ? C'est là le sujet central du livre d'Étienne Barillier, qui, pourtant, ne répond pas vraiment à la question. Sans doute parce que, du moins de mon point de vue, le steampunk manque d'une identité propre. Affirmation qui ne résume pas du tout le point de vue de l'auteur, bien au contraire, mais qui résulte de ma lecture de son ouvrage. C'est la conclusion que j'en ai finalement tirée.
Certes, « Steampunk, l'esthétique rétro-futur » m'a ouvert quelques perspectives, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la métatextualité, c'est-à-dire le jeu de références à d'autres œuvres et d'appropriation de ses œuvres, que j'aurais personnellement plutôt appelé hypertextualité parce que j'aime bien jouer les prétentieuses et qu'elle me paraît plus juste. Cette notion de métatextualité se révèle en effet indissociable du steampunk, bien autant que la question de l'esthétique rétro-futur. Cela dit, qui dit métatextualité (ou hypertextualité, j'y tiens) ne dit pas forcément steampunk, et d'autres points essentiels sont donc attachés au genre, comme, forcément, le rétro-futurisme. Mais là encore, il ne faut pas confondre rétro-futur et steampunk et c'est là que tout devient plutôt confus, d'autant que le titre du livre, je le rappelle, mêle les deux. Ajoutez à cela que le steampunk anglo-saxon et le steampunk francophone ne se ressemblent pas forcément (en très très gros, l'un est souvent « à la Dickens » et l'autre « à la Verne »), que le steampunk des débuts n'a plus grand-chose à voir avec l'actuel steampunk et que, enfin, le steampunk puise à la fois dans le fantastique, la fantasy, l'uchronie, la science-fiction, le weird west et j'en passe (il existe apparemment du steampunk à base de zombies, par exemple). Vous comprendrez donc aisément que le steampunk a bien du mal à trouver sa définition. Ou plutôt, vous ne comprendrez plus rien du tout.
De plus, l'ouvrage est plutôt mal écrit, le genre de truc qui m'agace bien. Et que fait l'éditeur, dont c'est tout de même le travail de pousser les auteurs à améliorer leur travail ?
Enfin, le gros du livre s'avère être un long et fastidieux catalogue, bien que non-exhaustif, de tout ce qui s'est fait dans le genre du steampunk (littérature, BD, cinéma, animation, etc.) Pas le temps, donc, pour l'analyse des œuvres, bâclée et résumée au mieux en deux lignes. La lecture m'a parue terriblement et de plus en plus ennuyeuse au fur-et-à-mesure que j'avançais et, cerise sur le gâteau, j'étais à peu près en désaccord avec l'auteur chaque fois qu'il donnait son avis sur la qualité de tel ou tel livre, film, ou autre (quand je les connaissais, ce qui n'était souvent pas le cas). Je l'ai d'ailleurs trouvé bien indulgent et fort peu critique sur l'ensemble de la production steampunk. le clou : les photographies, en fin d'ouvrage, de personnes en costumes steampunk, soi-disant réalisées par des professionnels, mais d'une médiocrité rare (je parle de la qualité des photos, et non des costumes). N'importe quel amateur averti ferait mieux. Ce qui rattrape un peu ce gâchis, c'est la présentation d'inventions de toutes sortes d'objets à l'esthétique steampunk concoctés par quelques passionnés vraiment doués. Mais c'est loin de suffire à combler les nombreux défauts du livre !
Je ne comprends pas pourquoi Étienne Barillier a voulu présenter son travail sous forme d'essai : un dictionnaire encyclopédique du steampunk aurait mieux convenu à l'affaire. Il existe probablement des essais mieux fichus, j'espère que je tomberai sur l'un d'eux un de ces jours !